Et si rien n’était dû au hasard ?
Dans un luxueux salon une foule se presse sous l’œil attentif du capitaine Sonntag. Il a repéré, parmi la foule, le docteur Pastoriaz et son fils Andrew. Un récitatif évoque Koïos, un nouveau dieu omniscient et omniprésent. Ils sont dans Glory, un vaisseau interstellaire en partance pour la station Paradis Lunella. Le voyage, pour les 1728 passagers et les 323 membres de l’équipage, va durer 27 jours terrestres.
Deux hommes hirsutes secouent un troisième pour le réveiller. Ils le pressent pour partir car il y a danger, mais de rester calme en sortant face à ce qu’il va voir. Sonntag voit un vaisseau échoué contre lequel s’érigent des constructions sommaires. L’enclave est entourée par une enceinte qui peine à contenir une forêt à perte de vue. Il apprend que la planète a été appelée Kayenn, qu’il est un des rares terriens de naissance car le Glory à dérivé pendant 179 années avant de s’arrêter là, il y a 65 ans. Il découvre, piloté par Sara, la société qui s’est constituée avec les descendants des pionniers.
Peu à peu, le capitaine retrouve la mémoire et les raisons qui ont amené le vaisseau à se planter sur cette planète. Et ce n’est pas par hasard…
Éric Stalner, qui a déjà signé la remarquable fresque Voyageur (13 tomes — Glénat), revient à l’un de ses domaines de prédilection, à savoir la science-fiction et particulièrement le space opera. Il mêle à ce voyage vers des contrées lointaines des notions de déité, faisant de ce vaisseau une sorte d’arche. Avec le concours de Cédric Simon, dont c’est la première incursion dans le l’art du scénario, il met en scène l’émergence d’une nouvelle société confrontée à un fort péril. Si la forêt qui cerne ce noyau d’humains est dangereuse, bien qu’elle accepte une personne, n’était-ce pas la situation de l’homme préhistorique quand il a commencé à se dresser ? Qui alors, dans ce récit, va triompher ? Est-ce l’homme comme sur la planète Terre ou est-ce la nature ?
Le choix des noms des personnages n’est pas innocent avec Sonntag, avec Kayenn, avec Sara qui, dans le Nouveau Testament, accompagnait Marie de Magdala et Marthe pour la résurrection du Christ …
Éric Stalner et Cédric Simon installent leur récit, une trilogie, avec nombre d’énigmes, de secrets mais n’économisent pas les effets et les rebondissements dès le premier opus.
Le dessin, domaine exclusif d’Éric Stalner, est comme à son habitude net, rigoureux, puissant, d’une grande expressivité et d’une belle inventivité même si le visage de héros ressemble beaucoup à ceux fréquentés dans d’autres séries de l’auteur. Le découpage des scènes, la mise en page sont précises, détaillées comme les vues générales, les scènes de foule. La mise en couleurs a été confiée à Florence Fantini qui réalise une belle performance.
Avec Koïos, les créateurs proposent un premier volet très attractif qui fait attendre une suite à venir très vite car les auteurs veulent faire paraître la trilogie en moins d’un an.
serge perraud
Éric Stalner & Cédric Simon (scénario), Éric Stalner (Dessin), Florence Fantini (couleur), Exilium — t.1 : Koïos, Glénat, coll. Grafica, 56 p. – 14,50 €.