Pietro Citati prouve – même si on le savait délà – que le Don Quichotte de Cervantès est un livre inépuisable. Sorte de roman des romans et parodie anticipative de ceux qui allaient lui succéder, il demeure dans sa fantaisie un de ces livres rarissimes qui ne peut que saisir par ses illuminations fougueuses, ironiques voire romantiques (d’une certaine façon).
L’auteur italien nous entraîne dans les arcanes d’un livre que tout lecteur croît connaître mais qui ne cesse de lui échapper. Le vrai est sans cesse faux et pourtant est animé d’accents de vérités aussi improbables que merveilleuses dont l’amant de Dulcinée du Toboso devient le médium.
Doté d’une force par un alliage entre souplesse, puissance et aussi ironie, tout comme son modèle , l’auteur italien offre une propédeutique altière. Le texte original se dénude. Sa fièvre oscille entre le froid et la chaleur. Des étoiles de couleur remontent à la surface de la Mancha.
Emboîtés – ou presque –, les deux textes jouissent presque l’un de l’autre, sans hiérarchie. Ce qui de la part de Citati est un réel exploit. Voire plus.
jean-paul gavard-perret
Pietro Citati, Don Quichotte, trad. de l’italien par Brigitte Pérol, Gallimard, coll. L’Arpenteur, 2018.