La douceur qui fascine et le plaisir qui tue
Béatrice Brérot et Nadège Druzowski poursuivent un travail fascinant où se mélangent macro et microcosmes et où, si les créatrices convoquent la réalité sensible, celle-ci prend des formes inédites. Existe une priorité à l’esprit d’analyse et de synthèse avec la marque de la lucidité qui ne se satisfait pas d’elle-même. La force vitale accapare toute l’étendue de l’espace. Surgit un essaim de certitudes et de défaillances.
C’est là laisser toujours en suspens des questions qui nécessairement concernent celui qui regarde comme celles qui créent là où l’oeuvre recueille toutes les interrogations, toutes les naissances. Il faut de la durée, c’est-à-dire, des épreuves en nombre pour que le “grand poème” de tels territoires de l’Imaginaire prenne forme idéalement et que tous les préparatifs sur lesquels se sont arrêtées les créatrices participent au corps-poétique unique, idéal, dans une durée de beauté afin que jaillisse “ La douceur qui fascine et le plaisir qui tue ” (Baudelaire).
Un tel livre et une telle exposition n’éloignent pas de l’énigme du monde et de l’être. Les créatrices nous entraînent des images vers lui, de lui à sa nuit. Mais afin d’éviter le chaos. Images et textes sont des jeux de lumière et d’ombre. Le regard et l’esprit espèrent voir dedans. Ou à travers. Il faut tenir encore, tenir. Même avec le temps, les lignes ne changent pas de couleur. Le blanc, le gris (de l’eau d’en haut) sont leurs couleurs. Tout s’étend, se détend, pâlit. Le silence s’en empare.
Mais quelque chose surgit qui demeure garant de ce qui pourra se dire et se monter. Avec le temps ou en dépit de lui. Il existe là la hantise de l’air, ses filaments, sa poussière.
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jean-paul gavard-perret
Béatrice Brérot & Nadège Druzowski,
- L’eau d’en haut, éditions Color Gang, 2018
- Territoires imaginaires, galerie Théorie des Espaces Courbes, Voiron, mars 2018.