Seasonal affective disorder (Lola Molina)

 Course sans but

 Un écran blanc occupe le milieu de la scène. Des sil­houettes viennent s’installer autour. Un homme prend poste devant le micro, pro­fère des énon­cés, enfin ver­ba­lise des dires. Un scène dépouillée, autour d’un non-lieu ver­ti­cal censé figu­rer des étapes ou des sym­boles de ce road movie affec­tif et des­truc­teur. Une cavale ébou­rif­fée qui s’alimente des erre­ments de cha­cun des deux per­son­nages. On y voit tan­tôt des mou­ve­ments de par­ti­cules peu dis­tinctes, tan­tôt des cli­chés mon­trant le côté de la route.
Une jeune fille en fuite trouve dans les bras de son aîné l’occasion inédite de vivre son désir, de l’exprimer par des ten­ta­tives poé­tiques et de l’agir. La scé­no­gra­phie reste para­doxa­le­ment sta­tique, comme si l’on avait voulu faire por­ter au dis­cours la charge de l’imminence qui consti­tue le thème de cette pièce.

Le roman­tisme post-moderne ne par­vient pas à faire sens. Seul le texte donne à entendre l’amour de ces êtres qui s’offrent l’un à l’autre sans autre rai­son que voilà. La pola­rité entre l’homme désa­busé et la gamine pau­mée n’est assise sur aucune valence, si bien qu’entre eux on ne voit pas d’espace com­mun. Un Laurent Sau­vage vide, déserté de toute inten­tion, inca­pable de por­ter la pièce, comme assi­gné au che­vet de son per­son­nage. En face, Anne-Lise Heim­bur­ger ne suf­fit pas à cap­ter l’attention du public.
Nous avons vu le spec­tacle le 16 février 2018, en début de pro­gram­ma­tion. Peut-être cela explique-t-il l’étonnante contre-performance du comé­dien, le goût d’inachevé que laisse l’absence de décor ou les éclai­rages dis­gra­cieux ? L’intention de la repré­sen­ta­tion tombe à plat, la logique de la trans­gres­sion n’est nour­rie d’aucune viva­cité qui puisse ani­mer cette course sans but.

chris­tophe gio­lito & manon pouliot


Sea­so­nal affec­tive disorder

de Lola Molina

Avec Anne-Lise Heim­bur­ger et Laurent Sauvage.

Pièce de Lola Molina. Texte édité aux Édi­tions théâ­trales. Mise en scène Lélio Plot­ton. Créa­tion sonore Bas­tien Vari­gault. Créa­tion vidéo Jona­than Michel. Créa­tion lumières Fran­çoise Michel.

Au Théâtre Le Lucer­naire • 53 rue Notre-Dame-des-Champs • 75006 Paris

Du 14 février au 31 mars 2018, du mardi au samedi à 21 heures

Relâche excep­tion­nelle le 27 mars Durée : 1 h 30

Réser­va­tions : 01 45 44 57 34

Spec­tacle lau­réat du prix Lucernaire

Laurent Ter­zieff – Pas­cale De Boys­son 2017

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