Céramiste, potier, créateur d’ émaux à base de cendre de végétaux Frère Daniel de Montmollin rentre ici et en quelque sorte dans sa matière première : la terre. Il y devient à la recherche de celle qui est sa semblable, sa sœur : la taupe, « moulée dans le velours de sa robe toujours de soirée ». Il existe chez cet artiste et écrivain de plus de 90 ans une fraîcheur de vision. Non seulement pour dire la taupe mais tout un monde animal et végétal.
Il découvre une « énorme ammonite persillée calant un piquetage de clôture » non loin d’un bac de terre glaise « but de la promenade », et qui sera bientôt « séchée, concassée, détrempée, lavée. » tandis que plus loin des grenouilles entrent en concert.
Le poète des formes et des mots permet de glisser dans l’espace où jouit le temps en un exercice d’écoute et de lenteur. Chaque fois, il redevient voyant car la terre est là pour la clarté et la présence. Si bien que la taupe porte ici au vertige : en ses profondeurs cachées, elle indique paradoxalement le ciel pour nous rassurer.
Dès lors, nous nous retrouvons plus pacifiés sur la terre en sachant que la taupe est toujours là sous nos pieds.
jean-paul gavard-perret
Daniel de Montmolin, Les taupes, ill. Gilles Badaire, Editions Fata Morgana, Fontfoide le Haut, 2018, 64 p.
Je viens d’en terminer la lecture et une fois de plus je me sens embellie par cette rencontre, cet instant passé avec ce frère plein de beauté et de bonté, il m’a tant appris depuis mon tout jeune âge.
Les Taupes, à lire absolument.