George Simov ou la force qui va. Entretien avec l’artiste

George Simov est né en 1950. Il est affilé à la Mai­son des artistes de Bul­ga­rie. Son ate­lier se situe dans le quar­tier his­to­rique de Plov­div. Son style est dirigé vers la pein­ture expres­sion­niste abs­traite et la figu­ra­tive éro­tique. Ses œuvres sont consa­crées à la nature : arbres, vignes, fond de la mer, ciels, aurore etc. L’artiste cultive les jaillis­se­ments lyriques par­fois avec des cou­leurs au velours soyeux. Par­fois la voie lac­tée devient plus tel­lu­rique. Il faut ce mariage du ciel, de l’eau et de la terre pour que giclent mur­mures et hur­le­ments.
Un feu ardent se vou­drait inex­tin­guible, il chante le secret des étoiles et des vol­cans. Preuve que les mou­ve­ments tec­to­niques demeurent entre mille nuits d’heures bleues bai­gnées d’amour là où le monde reste proche du chaos.

 Entretien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Lorsque je me lève le matin, je prends un verre d’eau vita­mi­née et je pré­pare mon plan­ning journalier.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
J’ai réa­lisé cer­taines de mes rêves… notam­ment je suis devenu artiste peintre.Comme la plu­part des gamins je vou­lais deve­nir pom­pier. J’ai été fas­ciné par leurs casques brillants et leurs longs tuyaux.
Je vou­lais aussi navi­guer sur la rivière Maritza sur une pla­te­forme comme Tome Sawyer de Marc Twain en direc­tion de la Tur­quie. On l’avait même fabri­quée avec un ami d’enfance mais on n’avait pas fixé la date du départ !
Je vou­lais maî­tri­ser plu­sieurs langues étran­gères mais hélas!… je ne suis pas trop doué pour les langues.

A quoi avez-vous renoncé ?
Ma devise est « Aller jusqu’au bout ». Je ne (me) renonce jamais.

D’où venez-vous ?
Je suis né dans une famille d’artistes peintres ama­teurs. Ma mère, ma tante et mon grand-père pra­ti­quaient la pein­ture comme acti­vité de loi­sir. Lorsque j’étais étu­diant, j’ai des­siné mon entou­rage au lieu de prendre des notes en cours de médecine !

Qu’avez-vous reçu en dot ?
Je n’ai pas eu d’héritage consé­quent de la part de mes parents. J’ai le pri­vi­lège d’avoir un sens d’observation très élevé qui m’avantage dans ma pro­duc­tion artistique.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Je suis gas­tro­nome et j’adore aller au mar­ché en me pro­me­nant tous les jours dans les petites ruelles du vieux quar­tier de ma ville.
J’aime beau­coup revoir des films des années 60–80 de ma col­lec­tion pri­vée. : Michel Simon, Jean Gabin, Sil­via Mon­fort, Michel Mor­gan, Dany Robin, Jean Marais, Louis de Funès, Bour­vil, Gérard Phi­lippe aussi les films réa­li­sés par Christian-Jacques et Luc Bes­son.
J’aime faire éga­le­ment des pauses musi­cales en écou­tant mes vieux vinyles : Jacques Brel, Yves Mon­tand, Dalida, Syl­vie Var­tan, Edith Piaf, Gil­bert Bécaud et Johny Hal­li­day… etc.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Je suis très pas­sionné par mon tra­vail. Tous mes tableaux sont faits avec mes mains et mon cœur.

Com­ment définiriez-votre approche des cou­leurs ?
On se tutoie avec « les cou­leurs ». Notre rela­tion est très intime et profonde.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Je suis sou­vent cap­tivé par une vue, un arbre, le corps d’une femme, une sil­houette. Je les trans­forme de façon pit­to­resque dans mes œuvres.

Et votre pre­mière lec­ture ?
Mon père me lisait « Robin­son Cru­soé « de Daniel Defoe. Mon pre­mier roman lu est « Sans famille » d’Hector Malot. J’ai été mar­qué par l’histoire du petit Rémi, le singe Joli-Cœur et Vitalis !

Quelles musiques écoutez-vous ?
J’ai déjà répondu à la ques­tion plus haut. Je suis un rock’n’roll man à 80% .

Quel est le livre que vous aimez relire ?
« Les misé­rables » de Vic­tor Hugo.

Quel film vous fait pleu­rer ?
« Le vaga­bond » de Raj Kapoor et « Le Der­nier des Mohicans ».

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Je vois un monde magique comme celui d’Alice au pays des mer­veilles !

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Je n’ai jamais réa­lisé d’autoportraits ni de por­traits des héros natio­naux.
Je n’ai pas de drame per­son­nel pour l’exprimer par un autoportrait !

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
J’aime ma ville Plov­div, une ville romaine, l’une des plus anciennes d’Europe. Pour infor­ma­tion le théâtre romain date du IIe siècle. L’énergie invi­sible des nom­breux ves­tiges romains de cette ville animent beau­coup de créa­teurs.
Je me res­source aussi dans les mon­tagnes « les Rho­dopes », la plus grande mon­tagne de Bulgarie.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Mes pré­fères sont Gau­guin, Modi­gliani, Van Gogh et les artistes peintres bul­gares Genko Gen­kov et Jules Pascin.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
J’aime rece­voir comme cadeaux un livre, un DVD, un disque.

Que défendez-vous ?
Je suis un homme bohémien.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : « L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas » ?
Je donne de l’amour, même si je n’en reçois pas… c’est mon côté hédoniste.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?
Suis-je aimé ?

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Si je fais une sieste l’après-midi ?

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par jean-paul gavard-perret, tra­duc­tion du Bul­gare par Diana Paneva, pour le litteraire.com,  le 4 mars 2018.

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