Chaque tourment possède son cri
Quand l’inspectrice Sarah Geringën est appelée à l’hôpital psychiatrique de Gaustad, près d’Oslo , elle est loin de se douter qu’elle au début d’une périlleuse enquête de longue haleine. Un des patients a été retrouvé mort dans sa cellule, et tout laisse à penser qu’il est mort de peur, poussant un ultime cri avant de décéder. Le corps semble avoir été en plus déplacé et, en menant un peu plus loin les investigations, la responsabilité du chef d’établissement est rapidement mise en cause. Ce dernier finit par faire exploser l’hôpital, laissant derrière lui plus de questions que de réponses. Quel secret se cachait donc derrière ce patient 488, dont l’identité reste inconnue depuis de nombreuses années ? Quelles expériences ont-été menées sur cet homme ? Et dans quel but ? L’inspectrice Geringën, qui est en pleine crise personnelle, va devoir mener l’enquête la plus étrange et dangereuse de sa carrière, qui va l’entraîner en France puis aux Etats-Unis. Sa vision de la vie et la mort pourrait bien en être définie changée …si elle survit.
La scène française du thriller, et roman policier ne cesse de s’enrichir depuis quelques années, avec plus ou moins de succès, il faut bien le reconnaître. Avec son roman Le Cri, il ne fait aucun doute dès les premières pages que Nicolas Beuglet joue dans la cour des grands, aux côtés de noms comme Thilliez ou Minier. Il maîtrise d’ores et déjà les règles du genre en nous proposant une intrigue palpitante, menée tambour battant, dans un style vif et avec une habileté toute particulière à jouer avec nos nerfs. Si le roman commence en Norvège dans des circonstances effrayantes, il prend rapidement une dimension internationale, lui conférant encore plus de mystère et de rythme. Les chapitres courts nous révèlent une écriture très ‘cinématographique’, grâce à laquelle il est facile pour le lecteur de visualiser chaque scène.
L’histoire de ce patient 488 pousse une policière terre-à-terre à se poser des questions philosophiques, voire théologiques, sur notre existence, et son ‘après’. Le lecteur s’intéresse très vite à l’héroïne, déterminée, intelligente, et torturée. Une héroïne qui sera rejoint dans ses investigations par un personnage également attachant, qui jouera un rôle déterminant dans l’histoire.
Outre des personnages charismatiques, aux profils psychologiques et parfois psychiatriques fournis, Nicolas Beuglet s’emploie à appuyer son roman sur des faits historiques réels et très troublants. Il apporte des éléments glaçants à son histoire nordique (au départ !), et il est bien difficile de poser le livre sur la table de chevet, tant l’envie d’en savoir plus à chaque page nous tourmente.
Il reste à renouveler cet exploit, afin que le lecteur puisse pousser à nouveau des cris de terreur, mais aussi de joie, en retrouvant Sarah.
franck boussard
Nicolas Beuglet, Le Cri, Pocket, janvier 2018, 560 p. — 8, 20 €.