Une idée certaine de la perfection
Daniel Ziv permet de connaître un peu plus André Verdet, poète sous-estimé. L’originalité de ces entretiens tient à tout un travail de synthèse plus que d’épanchement. « L’interviewer », éditeur et ami a soigné la mise en page de ces entretiens pour mettre en évidence les points forts de l’homme et de l’œuvre. Il souligne le mysticisme très particulier du poète. Celui-ci rappelle que « Tout bouge, tout est en perpétuel mouvement ; il n’y a pas de centre. Je crois que je suis le seul au monde à soutenir que le temps et l’espace ne sont pas jumelés. L’espace existait avant le temps, et il arrive d’un horizon inconnu jusqu’ici ».
Il existe donc bien un mysticisme aussi païen que cosmique qui dépasse les bornes du temps : « La mort n’est pas au bout de la route, nous nous fondons dans le cosmos ». Preuve que celui qui a connu les camps de la mort a compris, en survivant, que chaque jour qui vient est un miracle. Il faut le prendre dans une perception toujours renouvelée de la durée entre deux infinis spécifiques : « Le temps nous échappe / L’éternel nous ignore ».
André Verdet ramène à la réalité selon des perspectives « cavalières » où se réunissent la nature et l’être, l’infiniment grand et l’infiniment petit, l’étoile et la poussière. L’auteur élève la vie au rang d’une cérémonie quotidienne. Chacun dans son rôle y fait tourner la machine (poète compris) pour peu qu’il éprouve l’attention à l’autre et au monde. Il montre aussi comment l’émotion de l’homme se crée par une telle attitude et choix. Cela ne tient pas du lapin blanc et du chapeau mais de la lutte incessante dans le dur métier de vivre.
Lorsque cela devient trop dur, il est toujours possible de forger nos étoiles et sortir de l’état rampant pour tendre vers elles.
jean-paul gavard-perret
Daniel Ziv & André Verdet, Seul l’espace s’éternise, Z4 éditions, Le Monthuy 39300 Les Nans, 2018, 72 p. - 22,00 €.