Fascinus et facinus : roma/amor
Roberto Timperi vit entre Rome et Palerme où il travaille au « Centro Internazionale di Fotografia ». Dans son premier livre, « Àmor » il collecte plus de dis ans de travaux photographique qu’il transforme en journal intime. S’y retrouve toute sa recherche anthropologique sur les « habitus » cognitifs et comportementaux des êtres dans la société. Mais plus précisément l’objectif est d’explorer l’identité artistique par l’étude des actions, affects, faits de l’histoire individuelle et collective qui la caractérise .
Une telle recherche est faite des relations que l’artiste construit à travers différents corps, moments de révélation, situations, existences border-line. L’artiste rappelle que les êtres sont faits non seulement de chair et d’os mais de conflits et de structures esthétiques et culturelles.
Avec Fuori Frequenza Imperi met en évidence les modalités de construction de la mémoire collective en se concentrant sur des parcours existentiels individuels. Plus introspectif, Vision Alone propose une esthétique des profondeurs afin de dégager l’œuvre de sa seule apparence pour mettre à nu les éléments de sa gestation. L’artiste y épingle les « signes » de l’autonomie de la création afin de montrer comment un artiste peut (et doit) se retrouver lui-même au sein d’un système où tout est soumis à la manipulation, à l’argent, aux échanges parfois douteux.
Le livre avec son titre à double entrée est une autoscopie parfois assassine mais drôle. Elle rappelle insidieusement que l’égo est une machine à mourir. De même que le « fascinus » inhérent à certains esthètes amateurs ou professionnels. Encore faudrait-il s’entendre sur ces deux derniers termes. Leur frontière est discutable et elle même est rongée par le reflet spéculaire que l’art renvoie à celui qui le contemple. Il arrive qu’aux simulacres répond un simul-âcre.
jean-paul gavard-perret
Roberto Timperi, Àmor, Edizioni Nero Not, Roma, 2018.