Ce coffret scénarise bien des jeux de mains et de surimpressions. S’y développent des attentes silencieuses que les mots à la fois disent et taisent au sein de circulations et d’immobilité. Parfois l’image « vient » avant les mots mais parfois les mots l’annoncent. L’une et les autres se désaltèrent mutuellement dans la volonté de rejoindre ce qui s’ouvre. Tout semble si près en ce qui tient néanmoins de figures et de mouvements vers l’effacement par l’usure des caresses et par ce à quoi les mots portent atteinte à ce qui subsiste après avoir fait le vide.
L’immobilité est vrillée par le vertige. Marie Laure Dagoit et Gilles Berquet prouvent qu’être engage toujours un mouvement. Etre au plus près d’être, c’est tout juste être livré sans merci au plaisir.
Voir, écrire revient à jeter une sonde dans l’abîme au moment où la sensation est abîme. Présence dans la présence là où — dans ce qui habituellement ne se montre pas, ne se dit pas — un monde est à voir, à psalmodier sans limites. Les mots appellent la caresse, l’image l’avale.Corps suspendus aux mots images suspendues au corps.
Et dans ce duo, l’un dit : je serai toujours dans tes mots, l’autre répond : je suis en tes images.
jean-paul gavard-perret
Marie-Laure Dagoit & Gilles Berquet, Coffret Marie-Laure Dagoit • Gilles Berquet, éditions Maison Dagoit, Rouen, 2018, 125, 00 €.