Histoire du corps et histoire de famille
Après l’importante rétrospective de Louise Bourgeois au MoMa (An Unfolding Portrait), la galerie Lelong présente une suite d’estampes dans laquelle existe une forme de “pornographie” très particulière et si on entend par là que Louise Bourgeois donne à voir de la façon la plus crue ce qui échappe à la vue dans un cercle étroit de l’intime. Ici, l’humour permet de traiter des thèmes récurrents et chers à l’artiste : le couple, la maison, le lit, le corps, l’arc de l’hystérie.
Certes, le voyeur traditionnel risque d’être déçu. Louis Bourgeois hante les chambres de passe mais pour en reconstruire les figures de machines humaines désirantes, sidérantes avec une ironie sardonique. Sans doute, tel un fantôme (ou une réalité) le père prodigue sert d’appât et de fil rouge à sa fille. Elle reste — même âgée –la fille indignée mais qui se sert de son premier haut-le-cœur pour développer ses figures de prédilection.
Les estampes sont les fragments d’un récit à forte dominante autobiographique, souvent fantasmé, qui se déroule au cœur de l’intimité familiale où se mêlèrent passions et nostalgies, angoisses et mystères. C’est là une manière de rejouer l’histoire. Néanmoins, l’élément autobiographique se refuse à raconter quoi que ce soit qui ressemblerait à une confidence ou à un récit de souvenirs montrés comme tels.
L’œuvre — et c’est là son paradoxe — rejoue quelque chose qui reste l’inaccessible par excellence mais elle ne le fait par le biais d’une représentation au sens courant du terme. Pour “ rejouer ” l’œuvre reclose, les indices visuels – métaphoriquement et visuellement – viennent du plus poche pour êtres lancés vers le lointain.
jean-paul gavard-perret
Louise Bourgeois, Triptych for the Red Room et autres estampes, Galerie Lelong et Cie, Paris 15 mars – 18 mai 2018.
A chacun son enfance , ses douleurs et ses bonheurs . Dolto , Freud et Lacan voici le trio chercheur . ” A few , a few ” JPGP le dit bien mieux .
Mais Louise Bourgeois les dépasse avec son triomphant haut-le-coeur qui explose en un suave ” ” Triptych for the Red Room ” .