Pour qui sonnent les glaneuses
Pour son Institut Beau Séjour, Mirka Lugosi quitte son univers noir et cérémoniel afin de sacrifier voluptueusement à la légèreté un rien vintage. Et c’est délicieux. Il ne s’agit plus de confier le désir à la nuit mais au plein jour. Il produit lui aussi une hypnose. Elle se drape de fantaisie et d’allégresse. Vénus n’aime plus être appréciée dans l’ombre.
Le sexe quitte l’effroi et se tricote par des gambettes de midinettes en rien élégiaques. Elles sont fières de leur corps et de la clarté qu’elles diffusent car elles savent qu’elles peuvent faire de n’importe quel camionneur un Dieu.
Il les épinglera sur sa couchette là où elles gardent un minimum d’habit pour le faire languir. Les mamelles ne s’offrent pas encore. Du moins pas en totalité. Mais elles n’interdisent pas les premiers caprices de l’imaginaire. Au contraire même car elles les attisent et laissent toute pudeur afin de provoquer l’appel du plaisir. Une fois de plus Mirka Lugosi s’amuse. Mais aux décors funèbres se substitue l’aire acidulée d’émotions juvéniles.
A n ‘en pas douter, les cuisses de telles soubrettes sont prêtes à faire craquer des bois de lit et grincer les ressors de couchette. La fausse pudeur ne dévoie jamais une obscénité secrète que ces démones, servantes au grand cœur (mais pas seulement), savent mimer.
jean-paul gavard-perret
Mirka Lugosi, Institut beau séjour, Maison Dagoit, Rouen, 2018 - 5,00 €.