Pierre Branda, La saga des Bonaparte. Du XVIIIe à nos jours

Les Bona­parte parmi les grands

Les Bona­parte sont-ils des par­ve­nus dans le monde des têtes cou­ron­nées ? On l’a sou­vent dit, pensé, à l’époque de leur gloire comme aujourd’hui. Le livre de Pierre Branda per­met de faire le point sur la place de la famille de Napo­léon – car est-elle autre chose ? – sur l’échiquier euro­péen. Il en res­sort un tableau très contrasté.
Tout d’abord, la fra­trie du grand empe­reur. L’étude confirme leur place de simples vas­saux du sys­tème napo­léo­nien, dépour­vus de toute capa­cité d’initiative, mariés selon le bon vou­loir de l’impérial frère au risque de la rup­ture défi­ni­tive. Pour­tant, plu­sieurs d’entre eux appa­raissent comme de vraies têtes poli­tiques : Caro­line reine de Naples bien sûr mais aussi grande-duchesse de Tos­cane ou Jérôme roi de West­pha­lie. Tous furent vic­times en défi­ni­tive de l’entrée par effrac­tion dans l’univers royal qu’avait été la pro­cla­ma­tion de l’Empire. Tenus en laisse par l’Empereur mais balayés sans lui.

Ensuite, les des­cen­dants des uns et des autres : le mal­heu­reux Aiglon por­tant sur ses épaules la malé­dic­tion de son père ; Mathilde fille de Jérôme au carac­tère bien trempé, cœur de la vie mon­daine et artis­tique du Second Empire ; son frère Napoléon-Jérôme passé à la pos­té­rité sous le sur­nom de Plon-Plon, prince poli­tique s’il en fût, très engagé à gauche (quoi d’étonnant pour une famille cou­ron­née par la Révo­lu­tion ?) ; le prince impé­rial, fils de Napo­léon III, mort d’avoir voulu connaître la gloire des armes. Les espoirs poli­tiques de la dynas­tie ne s’en rele­vèrent pas.
Les trois der­niers por­traits sont les plus ins­truc­tifs puisqu’ils sortent de l’ombre des per­son­na­li­tés peu connues mais ayant compté dans l’histoire : le des­cen­dant de Jérôme, Charles-Joseph dit Char­lie Bonaparte-Paterson, qui fit une brillante car­rière poli­tique aux Etats-Unis ; la névro­sée Marie – autre mal mariée – qui sauva Freud des nazis et le prince Louis-Napoléon qui ral­lia le gaul­lisme, autre forme de bonapartisme.

En fin de compte, le livre de Pierre Branda montre que cette dynas­tie occupa une place à part entière dans l’Europe des monar­chies et dans ses stra­té­gies matri­mo­niales. Un cer­ti­fi­cat prin­cier en quelque sorte.

fre­de­ric le moal

Pierre Branda, La saga des Bona­parte. Du XVIIIe à nos jours, Per­rin, décembre 2017, 476 p. — 25,00 €.

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