“…Nous ne venons pas voler les richesses des Français …ni même leur demander de les partager. Nous venons les créer, travailler, consommer, nous marier, faire des enfants. Nous voulons juste la liberté. De quoi ont-ils peur ? Que tout le monde s’engouffre, s’ils entrouvrent la porte ? Mais qu’est-ce qu’ils croient ? Le temps des migrations est terminé ! Presque plus personne n’a les moyens de voyager. Les miséreux, les incultes sont attachés à leur coin de terre. Prisonniers de leur solidarité de quartier. Au pire, ils traverseront une frontière vers un pays plus pauvre encore pour fuir une guerre ou une famine …Les candidats au grand départ sont rares…“
C’est la vie d’une de ses candidates au grand départ que Michel Bussi, un des auteurs français les plus lus, a décidé de nous conter.
Lily ne rêve que d’une chose : obtenir un logement plus grand dans sa cité marseillaise. Elle pourra peut-être ainsi éviter que son fils aîné sombre dans la délinquance, que sa fille étudiante ne commette un crime, et elle offrira à son cadet une vie plus douce.
Malheureusement, son passé de réfugiée semble la rattraper, un premier meurtre est commis dans un hôtel à thème, qui va amener progressivement la police sur les traces de sa famille.
Mais pourquoi aurait-elle tué un homme, qui semble au-dessus de tout soupçon? Quel est le lien avec l’association qui aide les réfugiés politiques ouéconomiques en provenance d’Afrique ? Lily va progressivement distiller les indices en racontant toute sa vie aux seuls gens qui voient au-delà de son apparence et de sa profession de femme de ménage.
Les jours passent, et un autre crime est commis, qui fait resurgir les peurs de Lily. Pourra-t-elle éviter de perdre ce qu’elle avait construit patiemment pour ses enfants ?
Avec comme toile de fond les migrations, et l’immigration, un des maîtres du suspense français réussit une fois encore à nous captiver dès les premières pages en mettant en scène un meurtre commis dans de biens étranges circonstances. Au centre de ce nouveau roman, Michel Bussi nous entraîne dans les péripéties migratoires parfois sordides et souvent cruelles d’une famille africaine attachante.
Sa principale héroïne fait partie de ces gens de l’ombre que nous croisons tous au quotidien : femme de ménage au grand cœur, qui vient juste de voir sa situation régularisée, Lily a pourtant un caractère affirmé et elle lutte pour offrir le meilleur aux siens ; à travers son récit qui est égrené tout au long du livre, l’auteur redonne vie à la tradition africaine de la transmission orale des valeurs par la conteuse du village.
On s’imagine assis aux côtés de Lily sur sa terre natale nous narrer sa vie comme un conte africain. Malheureusement, ici, le conte est une vraie histoire cauchemardesque, et la case aux couleurs vives s’est transformée en appartement dans une cité grise et sans âme.
Aucun prince en vue pour sauver notre demoiselle en détresse, mais des forces de l’ordre bien décidés à la mettre derrière les barreaux, elle et sa famille.
Outre les personnages au destin exceptionnel, l’auteur, nous propose une histoire bien construite, aux multiples rebondissements, et dont il est vraiment difficile de deviner le dénouement. Un dénouement qui est loin des fins heureuses habituelles.
Ce roman, au titre clin d’œil à un chanteur français, amène à réfléchir, et la vie hors du commun de Lily restera longtemps gravée dans la mémoire du lecteur.
franck boussard
Michel Bussi, On la trouvait plutôt jolie, Presses de la cité, 2017, 462 p.- 21,90 €.