Jean Dufaux & Theo, Murena – t.10 : “Le Banquet”

Une admi­rable saga his­to­rique

Avec ce nou­vel album, Jean Dufaux pro­pose un récit tou­jours aussi riche en détails his­to­riques et faits authen­ti­fiés tirés de docu­ments dont la teneur n’est pas remise en cause. C’est avec cette matière pre­mière, fruit d’un solide tra­vail de recherches, que l’imagination de l’auteur se déchaîne pour rendre une his­toire épique et d’une grande inten­sité dra­ma­tique.
La fête bat son plein chez Tri­mal­chion, une fête où tout est per­mis. César en per­sonne honore cette nuit accom­pa­gné de Ruf­falo, le cen­tu­rion de sa garde pré­to­rienne. Dehors, deux indi­vi­dus un bossu et un colosse, attendent un cer­tain Lucius Murena pour lui bri­ser le cou. Celui-ci est chez Tri­mal­chion en com­pa­gnie de Pétrone. La ren­contre avec César est à haut risque compte-tenu des der­niers évé­ne­ments. Cepen­dant, quelques minutes plus tard, Néron accepte les expli­ca­tions et se réjouit de retrou­ver son ami avec qui il s’affiche pour mon­trer son retour en grâce.

C’est en quit­tant la fête que Lucius est sau­va­ge­ment agressé par les deux indi­vi­dus qui l’attendaient. S’il réus­sit à vaincre le colosse, il reste gra­ve­ment blessé sur le sol. La sœur de Pison, qui arrive quelques temps plus tard sur les lieux, décide de faire recu­ler Hadès devant ce beau gar­çon. Mais, s’il recouvre la santé grâce aux soins pro­di­gués par la jeune femme, il est amné­sique.
Or, Pison, avec la com­pli­cité de Scae­vi­nius et de quelques notables, fomente un com­plot contre Néron car ce der­nier, avec ses folles idées de gran­deur pour recons­truire Rome, veut pui­ser dans les for­tunes des plus riches…

Lucius Murena conti­nue son che­min chao­tique dans une Rome sous la coupe de Néron. Jean Dufaux éclaire, dans cet album, un des com­plots contre le tyran et les consé­quences induites. Alors que son héros vient de retrou­ver les faveurs de César, une perte de mémoire et le fait de se retrou­ver sans le vou­loir, sans le savoir, dans l’antre d’un com­plo­teur, le place dans une nou­velle situa­tion ambi­guë.
Jean Dufaux excelle dans l’art de tirer de faits bruts un récit cohé­rent riche en péri­pé­ties. On retrouve dans cette série quelques-uns des grands thèmes fon­da­teurs de son œuvre tels que le pou­voir, la folie ou la folie du pou­voir, la soli­tude dans de nom­breuses décli­nai­sons. Et avec Murena, il a trouvé matière à les mettre en scène de façon remarquable.

Pour ce dixième album, c’est Theo Canes­chi qui assure un des­sin splen­dide. Il par­tait, cepen­dant, avec un lourd han­di­cap car suc­cé­der à Phi­lippe Delaby, dans la caté­go­rie du des­sin réa­liste, n’est pas donné à tout le monde. Mais Theo a une carte de visite fort riche. N’a-t-il pas inté­gré Ink­link, un ate­lier flo­ren­tin réputé ? Pour Del­court, il réa­lise Le Trône d’argile et Le Pape ter­rible.
Avec Le Ban­quet, les lec­teurs peuvent retrou­ver avec un grand plai­sir la suite des aven­tures d’un héros superbe, mises en images de sédui­sante façon.

serge per­raud

Jean Dufaux (scé­na­rio) & Theo (des­sin), Lorenzo Pieri (cou­leurs), Murena – t.10 : Le Ban­quet, Dar­gaud, novembre 2017, 72 p. – 11,99 €.

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