Dominique Gilbert, De l’âme & Cie

Silence on tourne

Après deux romans chez Gal­li­mard, puis deux aux Edi­tions du Lit­té­raire (Joey’s et Une ombre au tableau), l’auteur pré­sente chez le même édi­teur un livre de nou­velles par­fai­te­ment réus­sies où se mêlent dif­fé­rents opé­ra­teurs de la des­ti­née selon un humour, un déca­lage de lieux, de temps et une langue du même type. Le phrase gil­ber­tienne est tou­jours déli­cieu­se­ment bis­cor­nue mais char­pen­tée de manière par­faite en tout un jeu d’accélération et de len­teur. Bref de mou­ve­ment.
De nou­velles en nou­velles, de moments en moments, de situa­tions en situa­tions, les héros tré­buchent et se relèvent tant ils sont à leur manière pré­cau­tion­neux et pri­me­sau­tiers. Plon­geant au cœur des ténèbres de leur âme, ce sont leurs corps qui res­sortent ensan­glan­tés. Au besoin ils pleurent beau­coup, reniflent un petit coup, ne veulent plus bou­ger mais se remettent à avan­cer sans coup férir et qu’importe la chute finale. Ce qui compte reste leur lutte mais elle ne porte pas vrai­ment ce nom. Tous les héros sont plus silen­cieux et souples que hâbleurs et che­va­liers sinon de leur propre fan­tôme en un  monde à la fois cyclique et sym­bo­liste. Mais iro­ni­que­ment mer­veilleux aussi.

Il existe autant d’humour que de gra­vité dans un tel uni­vers tou­jours pas­sion­nant tant la nar­ra­tion passe par le goût du détail. Si bien que De l’âme et Cie.  il semble pos­sible de rete­nir plu­tôt  le second terme que le pre­mier. C’est celui-là que l’auteur far­fouille. Et le « Cie » peut prendre (prin­ci­pa­le­ment) le nom de corps. Un corps errant dans un monde presque légen­daire où l’attrait des sécré­tions ne se dément pas. Il est vrai que le héros d’une des nou­velles est le spé­cia­liste du genre.
Le fan­tas­tique prend alors et au besoin l’aspect de la farce, là où un héros pos­sède  — presque — le nom d’un Dieu puisqu’il se nomme « Rhâââ-rhâââ ». Un autre s’appelle Mon­sieur Fond et son com­père Mon­sieur Forme. Les deux se quittent. Ce livre non.

jean-paul gavard-perret

Dominque Gil­bert,  De l’âme & Cie, Edi­tions du Lit­té­raire, Paris, 2018, 136 p. — 18,50 €.

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