Une intrigue fascinante basée sur des faits réels
Avec cette nouvelle enquête, ponctuée d’actions difficiles pour Cotton et ses proches, Steve Berry revient sur un pan obscur de l’histoire des États-Unis et livre quelques révélations sur la vie et l’ascendance de son héros préféré.
Tout débute à Washington, le 24 janvier 1865 à la Smithsonian Institution, alors que Joseph Henry, le maître des lieux négocie, avec un visiteur missionné par Jefferson Davis, pour une clé et un journal. Il s’aperçoit qu’une partie du bâtiment est en feu. L’homme doit lutter contre un capitaine de l’Union qui veut s’emparer des deux objets. Réussissant à sortir, ayant récupéré son bien, il retrouve une femme qui porte, comme signe de reconnaissance, un bijou fait d’une croix inscrite dans un cercle. L’homme se présente comme Angus Adam. Ses amis l’appellent Cotton.
Cotton Malone est dans l’ouest de l’Arkansas, en mission pour le musée national d’Histoire américaine. Il suit un jeu de pistes vieux de plusieurs décennies pour atteindre un trésor enfoui, celui des Chevaliers du Cercle d’or. Dans le Tennessee, Danny Daniels enterre Alex Sherwood, un de ses vieux amis politiciens qui s’est noyé en chutant d’une falaise. Une femme l’aborde en affirmant qu’il a été assassiné. Elle le fréquentait, à Washington, en toute amitié. Celui-ci était préoccupé par le contenu d’un carnet. La veille de son retour chez lui, il était très inquiet, pensant qu’un truc énorme se préparait. Ce carnet qu’il avait laissé dans son bureau a été récupéré, après sa mort, avec tous les livres traitant du même sujet.
Diane, l’épouse d’Alex, reçoit froidement Danny dans son bureau. Il remarque alors deux sacs remplis de livres et un carnet qui porte sur la couverture un symbole, une croix dans un cercle. Il profite d’un moment d’inattention, revient dans la pièce, et s’empare du carnet…
Cotton après bien des recherches, déterre un bocal rempli de pièces d’or. Mais il est assommé et se réveille dans une cage verticale. Cassiopée qui le couvrait, le délivre et ils capturent leur assaillant, une jeune adolescente…
Une large part du récit tourne autour de la Smithsonian Institution, depuis sa création suite au legs d’un obscur chimiste britannique du nom de James Smithson. Celui-ci fit don de cinq cents mille dollars au gouvernement des États-Unis pour : « …une institution consacrée à l’accroissement et à la diffusion du savoir parmi les hommes. » Après quelques tâtonnements, l’institution fut mise en place et celle-ci compte, aujourd’hui, parmi les plus grands dépositaires mondiaux d’œuvres d’art et d’ouvrages de référence. Ce qui interpelle est le fait que ce donateur n’est jamais venu dans le pays. L’incendie raconté dans le prologue a bien eu lieu en 1865 comme l’attestent de nombreux documents.
L’organisation des Chevaliers du Cercle d’or a existé. Créée autour de 1850, cette association subversive, qui compta plusieurs milliers de membres, voulait bâtir un empire sudiste. Elle a disparu au début du XXe siècle. Il est exact que les membres de cette structure ont enterré une très grande quantité d’or dans tous les territoires du Sud avec, pour les retrouver, les mêmes indices que ceux utilisés par Cotton, à savoir, inscriptions, signes gravés sur des arbres, sur des pierres, des clés et éléments métalliques enfouis pour indiquer des directions. Authentique également, la représentation de cinq pierres dites pierres de Peralta qui, selon la légende, indiqueraient la voie vers la mine des Hollandais, perdue dans l’Arizona.
Les romans de Steve Berry se fondent sur une réalité historique qu’il enrichit par une fiction nourrie d’actions et d’imagination débridées. Par contre, le romancier ne ménage pas ses personnages. Ils souffrent, peinent, prennent plaies et bosses, se font enlever, hospitaliser… La liste est longue des dommages qu’ils subissent. Avec ces protagonistes et ces éléments historiques, Steve Berry développe une intrigue sophistiquée, riche en apports d’informations de toutes natures sur la période fort troublée que fût la Guerre de sécession. De plus, ce roman marque, semble-t-il, une étape importante dans les relations entre Cassiopée et Cotton.
On est surpris, cependant, par la qualité des hommes politiques qu’il met en scène. On aimerait avoir les mêmes, surtout en France ! Danny, en tant qu’ex-président du pays, refuse la pension de retraite fédérale et la protection rapprochée auxquelles il a droit, Alex ne veut pas que : « …les représentants du pouvoir législatif s’exemptent eux-mêmes des dispositions qu’ils imposaient à tous les autres citoyens. »
Outre cette petite réserve, L’Héritage Malone se lit avec un intérêt croissant dès les premières pages.
serge perraud
Steve Berry, L’Héritage Malone (The Lost Order), traduit de l’anglais par Philippe Szczeciner, cherche midi, coll. “Thrillers”, novembre 2017, 640 p. – 22,00 €.
la traduction n’est pas toujours à la hauteur
mais les intrigues de Steve Berry sont très enrichies et captivantes