Celui qui a renoncé à avoir son bac : entretien avec Jean-Pierre Ceytaire, gamin de la Butte (“Le peintre s’amuse”)

Jean-Pierre Cey­taire (auto­por­trait) connaît moins les débuts de mois­sons dans la Beauce que les débits de bois­sons de Mont­martre. C’est auprès du Sacré Cœur qu’il trans­gresse tout édit de chas­teté pic­tu­rale. Son œuvre plas­tique est donc une mine dont il faut suivre la veine essen­tielle. Le corps y devient fable, les décors sont moins en rochers et rocailles qu’en stuc ou skaï. Certes, l’artiste et écri­vain ne se fait aucune illu­sion : l’art pas­sionne si peu les hommes qu’ils n’en finissent pas de s’inventer d’autres acti­vi­tés et qu’un édi­teur peu scru­pu­leux laisse Le peintre s’amuse dans des car­tons. Pour­tant un tel rat d’eau méduse et nous y décou­vrons des man­teaux de vision. En nous ren­dant taupes-less face à nos cer­ti­tudes, l’artiste fait de nous des voyants pro­vi­soires mais voyants tout de même. L’ironie indique une voie claire et pré­cise : en avant doute !

 Entretien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La lumière du jour naissant.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Je m’en sou­viens plus, le temps est passé.

A quoi avez-vous renoncé ?
A avoir mon Bac !!!!

D’où venez-vous ?
De Montmartre.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
L’esprit fron­deur de la Butte.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Savou­rer et faire un bon dîner.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes ?
Je ne sais pas.

Com­ment définiriez-vous votre approche de l’éros ?
J’approche selon mes âges… petit curieux, ensuite trou­blé, ensuite conquis, ensuite accro, ensuite philosophe.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
Ma maman.

Et votre pre­mière lec­ture ?
Sans doute un truc bien chiant de l’école.

Quelles musiques écoutez-vous ?
Un peu de tout.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
« For­tune de France” de Robert Merle.

Quel film vous fait pleu­rer ?
Je ne me sou­viens plus du titre , mais c’était un film sur un tout jeune trom­pet­tiste noir . La scène pen­dant laquelle les autres vieux bris­cards de musi­ciens furent immé­dia­te­ment conquis par les pre­mières notes sor­ties de l’instrument du jeune trom­pet­tiste. C’est le génie , qui me fait pleu­rer comme une madeleine.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Moi, et der­rière moi.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Au super père Noël.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Les marches qui mènent au Sacré Coeur.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Mau­pas­sant pour la lit­té­ra­ture, Ray Charles pour la musique, Tou­louse Lau­trec pour la peinture.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Une friandise.

Que défendez-vous ?
Mon intuition.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
C’est pas con !!!

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
Rien

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Votre ouvrage Le peintre s’amuse a-t-il eu du suc­cès ?
Réponse… je suis tombé sur le pire édi­teur et tous les ouvrages (tirage de tête et édi­tion nor­male) ne sont jamais sor­tis des car­tons qui dorment dans un box dans un sous-sol d’immeuble. Et c’est hélas ! pas tout .…

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 20 décembre 2017.

1 Comment

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One Response to Celui qui a renoncé à avoir son bac : entretien avec Jean-Pierre Ceytaire, gamin de la Butte (“Le peintre s’amuse”)

  1. Ceytaire

    merci, Merci
    JPC

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