“Un peu de temps à l’état pur”
Le Galeriste Thierry Bigaignon en peu de temps a imposé son lieu comme incontournable de la photographie. Choisissant la sélection et se limltant à quelques noms : de celui – porteur – de Ralph Gibson à ceux de la jeune Vittoria Gerardi, d’Harold Feinstein, de Renato D’agostin, d’ Alain Cornu et de Catherine Balet, il donne une vision néanmoins large de la photographie et ce, avec un but : « surprendre en dévoilant l’inattendu, bousculer en plaçant l’oxymore au centre de la programmation et interroger en jouant des temporalités ».
Ne se contentant pas d’exposer, il a décidé de proposer chaque année un catalogue annuel : Post-scriptum sous forme de coffret collector en cinq livret qui retracent ses cinq premières expositions. S’y découvrent les œuvres exposées plus des inédits. Co-produit par the(M) éditions de Marie Sepchat, ce livre permet non seulement un flash-back mais surtout une avancée. L’imaginaire photographique ose des déformations salutaires là où à la représentation est préféré la « voyance » grâce à l’œil reculé de Ralph Gibson, de Vittoria Gerardi et des autres.
Tout s’articule selon des circulations dont de tels photographes possèdent la clef par leur maîtrise et leur regard. L’image s’engouffre en de tels anneaux de feu. L’exercice de la lenteur est parfois nécessaire pour aller aussi loin. Et parfois la vitesse.
C’est pourquoi il faut savoir contempler de telles oeuvres comme un appel intense à une traversée afin de dégager non seulement un profil particulier au visage, au paysage mais aussi temps : un temps pulsé qui se dégage du temps non pulsé, un temps en renaissance proche de ce que Proust appelait “un peu de temps à l’état pur” que chacun des cinq artistes proposent.
jean-paul gavard-perrret
Thierry Bigaignon, Post sciptum 1, Catherine Balet, Alain Cornu, Renato D’Agostin, Harold Feinstein, Ralph Gibson, Galerie Thierry Bigaignon et The(M) éditions, Paris, 2017 — 150,00 €.