Poète « de fond », Pierre Parlant ramène de l’insaisissable à la surface du poème dégagé de bien des « rhétoriques ». Le « choséité » de l’écriture prend une stratégie et un trajet particuliers. Le poète élargit le genre par un détour italien qui n’a rien d’anecdotique. Face à ce qui demeure énigme, il propose ses pistes. Le poème devient un théâtre dont la scène ne s’ouvre pas à une représentation mais une re-présentation bien au-delà de la patine d’une pierre ou d’une éclaboussure d’eau.
Donner du terrestre passe par la sensation et des ombres tutélaires que le poète évoque en une sorte de portrait sublimé de lui-même.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Ma préférence pour le matin.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
L’enfance fut un doux cauchemar.
A quoi avez-vous renoncé ?
À me le demander.
D’où venez-vous ?
Je ne veux pas le savoir.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Un pauvre fatras dont je me suis vite débarrassé.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Penser à un lieu, campagne ou ville, connu de moi ou pas, en Italie.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres poètes ?
Une certaine « haine » de la poésie.
Comment définiriez-vous votre approche de l’être par des diagonales “biographiques” ?
Ce sont surtout les « biographèmes » (Barthes) qui m’intéressent, en tant qu’ils ruinent l’idée d’une continuité biographique.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Une pivoine sur un « bon-point ».
Et votre première lecture ?
« Tintin au Tibet ».
Quelles musiques écoutez-vous ?
J’en ai beaucoup écouté, c’est moins le cas aujourd’hui mais j’ai en tête, de façon très précise lorsque je marche, quelques séquences qui me viennent de Monteverdi, Bach, Scarlatti, Rameau, Verdi, Sibelius, Ravel, Kurtag, Monk, Pastorius, entre autres, ainsi que des timbres d’instruments qui me touchent (cornet à bouquin, alto, basse fretless).
Quel est le livre que vous aimez relire
? En ce moment, « Les Vagues » de Virginia Wool
Quel film vous fait pleurer ?
« Accattone » de Pasolini
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Quelqu’un qui fait sa toilette.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
À toutes celles et tous ceux dont j’aurais aimé recevoir une lettre.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Taos, au Nouveau-Mexique
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
La liste serait trop longue, je me contente donc de trois noms d’artistes dont j’admire les œuvres : Giotto, Tintoret, Twombly ; et de trois écrivains et/ou philosophes : Pétrarque, Bergson, Claude Simon.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une surprise.
Que défendez-vous ?
L’égalité.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
La phrase est efficace comme peut l’être un sophisme génial.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Celle-là en revanche n’est pas efficace du tout.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Que pensez-vous des questionnaires ?
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 9 décembre 2017.