Marie Paccou, flipped books

Marie Pac­cou : films à la page

Partant de l’idée des « flip-books » (en tour­nant leurs pages rapi­de­ment un film se déroule) et de la demande faite aux enfants dont elle s’occupe dans ses ate­liers de des­si­ner sur des livres, Marie Pac­cou reprend la tech­nique et l’intervention ico­no­claste A la page vierge du genre sur lequel se pose le des­sin, elle pré­fère donc celles de livres déjà écrits et de leur sens. La réa­li­sa­trice de films d’animation, crée donc au plus près de la lit­té­ra­ture, ce qu’elle nomme ses « flip­ped books » qui sont aussi des petits films selon « une contrainte assez ouli­pienne qui vise à adap­ter le contenu d’un livre dans le nombre de pages de l’ouvrage. » Dolto et le plai­sir fémi­nin, Que­neau et ses exer­cices de style, Homère lui-même deviennent les vec­teurs (éba­his s’ils étaient encore là) de tels assauts aussi drôles que poé­tiques.
Maî­tresse de l’allusion et du « fun », Marie Pac­cou scé­na­rise ce qui peut s’apparenter à une rela­tion amou­reuse, à la rela­tion humaine ou à la soli­tude. Les ama­teurs de l’eusses tu cru en sont retour­nés à mesure que les pages se tournent. Les per­son­nages y offrent leur visage, leur cœur (et plus si affi­ni­tés). Et à ceux qui ne savent pas lire elle offre ses des­sins au-dessus des polices de carac­tère. Celui de la créa­trice est bien trempé. Elle tanne le cor­pus. Elle recouvre de ses encres les ver­ba­tim afin de cas­ser leurs péro­nés, leurs fémurs, elle détourne leurs faits en des contes de fées char­nelles, guer­rières, phi­lo­so­phales, irri­tées ou pri­me­sau­tières. Héros et héroïnes des­cendent des “logo­ma­chi­ne­ries” pour se trans­for­mer en rêves qui viennent nous chercher.

Il y a là des ron­ciers de l’amour, des loups qui troussent les ber­gères d’autres qui ratent le bus. Existent des lan­gueurs et des rires, des suc­cès dam­nés, des îles et des elles, des Sapho pas très nettes, de petites puces tra­ver­sières. Fini la pose, haro au super­flu, tout bouge et par­fois se ren­verse. Gloire aux nuées, gares aux écaille au sein de têtes map­pe­mondes et d’un bouillon de jouis­saille. C’est par­fois tom­bal et par­fois velouté. C’est volupté. Très vite une douai­rière se met à s’enflammer en une suite d’efforts conju­gués à chaque page et tous les temps de l’indicatif et de condi­tion­nel dépassé.
Le menu fre­tin y trouve un des­tin d’ablette, Un qui­dam devient sand­wich tour­neur. Exit l’homme abs­trait de l’écriture. La fan­tai­sie fait le reste.

lire notre entre­tien avec l’auteure

jean-paul gavard-perret

Marie Pac­cou,  flip­ped books 

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