Edith Wharton, Villas et jardins d’Italie

Un ouvrage qui risque de déce­voir les ama­teurs des romans de Wharton

Edith Whar­ton fait par­tie des clas­siques du roman amé­ri­cain, et l’on sait que comme son ami Henry James, elle avait aussi une répu­ta­tion bien éta­blie d’esthète.
On s’attendait donc à trou­ver une lec­ture délec­table dans ses Vil­las et jar­dins d’Italie, et l’on regrette de devoir expri­mer plus de réserves que de plai­sir au sujet de cet ouvrage.

De fait, les lec­teurs habi­tués à la finesse qui carac­té­rise la roman­cière et à son goût du beau risquent d’être désa­gréa­ble­ment sur­pris par les des­crip­tions certes pré­cises, mais éton­nam­ment sèches, assi­mi­lables à des rele­vés topo­gra­phiques, qui occupent la majeure par­tie du livre. Elles offraient pro­ba­ble­ment plus d’intérêt à l’époque de sa pre­mière paru­tion, lorsque les lieux décrits n’étaient pas encore deve­nus fami­liers aux ama­teurs d’architecture grâce aux pho­to­gra­phies abon­dantes d’une kyrielle de beaux livres ; mais pour un ini­tié de nos jours, ces rele­vés détaillés pro­duisent un effet fas­ti­dieux plu­tôt que de sem­bler utiles.
Les termes appré­cia­tifs qui les ponc­tuent sont éton­nam­ment mono­tones — on ne compte plus les occur­rences de « beau », déli­cieux » ou « exquis » -, au point de sus­ci­ter l’agacement, d’autant que per­sonne ne doute de la valeur esthé­tique des endroits évoqués.

Pire encore, Whar­ton ne manque pas la moindre occa­sion de mani­fes­ter son anti­pa­thie pour le baroque, avec une insis­tance las­sante, alors qu’on a com­pris dès le pre­mier cha­pitre qu’elle pré­fé­rait net­te­ment la sobriété clas­sique. Ce leit­mo­tiv cri­tique finit par don­ner l’impression que l’auteur manque d’idées comme d’ouverture d’esprit en matière de ten­dances artis­tiques, res­tant fixé sur les notions d’un « bon goût » obso­lète.
Et si ses conseils à ceux qui vou­draient trans­po­ser les prin­cipes de l’art des jar­dins ita­lien sous d’autres cli­mats ne manquent pas de bon sens, ils relèvent dans leur ensemble du truisme, reve­nant à dire que le jar­di­nage doit tenir compte des par­ti­cu­la­ri­tés d’un pay­sage donné.

On peine à lire jusqu’au bout ce traité pour­tant court, en dépit de l’érudition de Whar­ton et de l’application avec laquelle elle exa­mine les plus remar­quables vil­las ita­liennes.
Si l’on ne connais­sait pas Ethan Frome, Les New-Yorkaises ou L’Âge de l’innocence, on croi­rait avoir affaire à un bas-bleu peu doué pour l’écriture plu­tôt qu’à une grande romancière.

agathe de lastyns

Edith Whar­ton, Vil­las et jar­dins d’Italie, Tal­lan­dier, mai 2009, 154 p. — 8,00 €.
ISBN 978–2-84734–598-8

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