Marion Tivital : le monde comme anti-représentation
Marion Tivital crée une image particulière : elle ne cherche pas à rassembler un monde ni à le défaire. Il ne s’agit plus de témoigner du réel mais d’en offrir un précis. La suite des images crée une rythmique de l’Imaginaire là où le vide, la vacuité ou l’effacement sont en jeu et ne peuvent être atteints que par une telle approche afin de toucher l’esprit humain. L’artiste crée des structures presque pures au sein de la matière du monde.
D’où cette impression de quintessence statique et d’un flux fondamental sous forme de gaze ou de brume idéale pour souligner le manque. Comme si, pour l’artiste, faire et défaire tenait d’un même « tricot ».
Pour autant, l’artiste ne bafoue jamais les lignes de soutènement, ne se moque pas des fixités. D’une certaine manière, elle veut que tout reste debout mais en une forme de sous-murmure par lequel quelque chose encore suit son cours.
Un devenir s’érige dans la verticalité voire une certaine monumentalité sans ostentation. Tout et rien communiqué par les intervalles et non les termes du discours des images. Alors, et comme écrivit Beckett, s’érige un « Partout, autant dire nulle part » au sein d’intersections marginales avant que tout ne sombre dans le silence. Mais il est déjà présent et s’affiche dans cette œuvre de désolation mais aussi d’ascension.
jean-paul gavard-perret
Exposition personnelle à la galerie Gng, 3 rue Visconti, Paris 6ème, du 5 Décembre au 13 janvier 2018.
Catalogue Silences, texte de Julien Verhaeghe, 32 p.