Bella Figura (Yasmina Reza)

Multi­pliant les occa­sions de se sépa­rer, on reste ensemble

Appa­rem­ment il s’agit d’une dis­pute de couple. Des mots de rien, de ces mots qui font tout, intro­duisent une frac­ture entre les deux amants ; cette brèche ne sera jamais refer­mée, au contraire. La pièce explore la chute qui résulte de ce faux-pas ano­din : les per­son­nages ne prêtent pas le même sens aux mots ; il en résulte une mésen­tente qui gran­dit, une fois sou­mise à l’épreuve de la socia­lité. Une ren­contre for­tuite amène cha­cun à répondre de lui-même, au risque de se déli­ter.
A tra­vers les répliques les plus légères s’exprime la vacuité qui habite les consciences sou­mises à leurs ten­sions. La soi­rée déploie ce hia­tus : mul­ti­pliant les occa­sions de se sépa­rer, on reste ensemble. Il s’agit d’une décons­truc­tion pro­gres­sive des appa­rences qui ne laisse sub­sis­ter aucune fondation.

La mise en scène reste dis­crète. Les acteurs sont tous par­faits. Tout repose ainsi sur le texte ; un pas­sage bur­lesque ne suf­fit pas à ani­mer le pro­pos, tendu par les dia­logues acerbes. Les tableaux se suc­cèdent dans l’absence d’intrigue, pour dire le pro­saïque, le fac­tuel et le déci­sif sans déci­sion. Un dérou­le­ment sans fina­lité, voilà ce que nous pro­pose Bella Figura : à terme, le res­pect des conven­tions a vidé les per­son­nages de leur sub­stance. L’effet est assuré.
Quant à la por­tée, elle reste à déter­mi­ner. Le théâtre de Yas­mina Reza flirte avec l’absurde. Mais, au lieu de bous­cu­ler le sens en déjouant nos attentes, il s’en tient à dénier toute orien­ta­tion à nos inten­tions. Dès lors, son pro­pos risque de man­quer de relief, et de pré­sen­ter des déve­lop­pe­ments un peu lisses.

chris­tophe giolito

 

Bella Figura
Texte et mise en scène de Yas­mina Reza

photo Pas­cal Victor

Avec Emma­nuelle Devos, Camille Japy, Louis-Do de Lenc­que­saing, Micha Les­cot et Josiane Stoléru.

Décor Jacques Gabel ; lumières Roberto Ven­turi ; cos­tumes Marie La Rocca ; coiffures-maquillage Cécile Kret­sch­mar ; son Ber­nard Val­lery ; musique Nathan Zana­gar ; col­la­bo­ra­tion artis­tique Valé­rie Nègre.

Pro­duc­tion Les Petites Heures ; copro­duc­tion Théâtre du Rond-Point – Paris, Théâtre de Namur, Théâtre natio­nal de Nice, Théâtre Liberté – Tou­lon, Théâtre des Sablons – Neuilly sur Seine.

Au Théâtre du Rond-Point
2 bis ave­nue Frank­lin D. Roo­se­velt
75008 Paris

Réser­va­tion 01 44 95 98 00
www.theatredurondpoint.fr

Durée: 1 h 40

Du 7 novembre au 31 décembre 2017 à 21h

Créa­tion le 11 jan­vier 2017 au Théâtre Liberté-Toulon (jusqu’au 13 jan­vier), pièce jouée au Quai –Angers, les 19 et 20 jan­vier 2017, au Théâtre Jean-Claude Car­rière – Mont­pel­lier
les 24 et 25 jan­vier 2017, au Théâtre Les Sablons – Neuilly-sur-Seine le 28 jan­vier 2017, au Théâtre Olym­pia – Arca­chon le 31 jan­vier 2017, au Théâtre – Namur du 3 au 9 février 2017, au Théâtre – Pau
le 14 février 2017, au Casino – Le Locle (Suisse) le 21 février 2017, au Forum – Mey­rin (Suisse) les 23 et 24 février 2017, au Théâtre – Nîmes du 1 au 3 mars 2017, au TNN – Nice du 8 au 11 mars 2017, à Odys­sud – Bla­gnac du 15 au 18 mars 2017, au TNP – Vil­leur­banne du 21 au 30 mars 2017, au Carré – Sainte-Maxime le 1er avril 2017, à La Criée – Mar­seille du 4 au 7 avril 2017.

Le texte de la pièce a paru aux édi­tions Flam­ma­rion en 2015.

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