Face au monde de zones oxydées, d’univers où respirer devient un luxe, « les hommes fuient vers l’origine de l’art ». Mais ce n’est qu’une vue de l’esprit, une illusion d’optique lorsque le « plateau » devient monde et n’a plus rien à voir avec ceux de Deleuze. Les arbres qui y demeurent tiennent de l’exploit et la Sibérie elle-même n’est plus un spectre repoussant mais une destination de rêve.
José Vidal Valicourt présente une œuvre lyrique et apocalyptique qui débouche sur une méditation au sujet de la corruption et la misère qu’elle génère. C’est vieux comme le monde mais si « les brutes se dévorent », parfois entre elles, leurs usures scellent leurs accords implicites.
Si bien que la nuit de notre temps gagne chaque jour en volume sur le jour. Les nuages s’accumulent mais l’égoïsme à la petite semaine et les intérêts immédiats des politiques tiennent lieu de diktats. Staline reste l’exemple parfait des « petits pères des peuples ». Les pas crissent sur les ossements de ses crimes, mais il se frise la moustache en voyant les athlètes qui font courir le monde vers une obscurité dont le noir n’est pas métaphore mais dogme programmé.
jean-paul gavard-perret
José Vidal Valicourt, Meseta / Le plateau, édition bilingue, traduit de l’Espagnol par Gilles Couatarmanac’h, Atelier de l’Agneau, coll. “bilingue”, Saint-Quentin-De-Caplong, 2017, 78 p. — 17,00 €.