Les dieux se taisent et les hommes en sont accablés. Un oracle, en transes, dicte une mission pour faire cesser cette situation. Il faut ramener l’Orbe du monde ! Quelques aventuriers relèvent le défi. Un groupe composé de Jason, et son navire, du prince Leitos, de Sharra l’amazone, de Nessia la sorcière… part pour l’Hyperborée où doit se trouver l’objet de leur quête. Les péripéties ne manquent pas pendant le voyage et les survivants abordent enfin l’île d’Hyperborée. Ils en commencent l’exploration. Après quelques heures de marche ils rencontrent les premiers habitants des lieux, des cyclopes géants. La bataille s’engage quand l’un d’eux leur jette un rocher. Ils reçoivent un secours bien venu d’un groupe d’humains. Le chef, qui se nomme Telion, explique que les Fomoriens sont leurs ennemis et emmène le petit groupe à Belerion, leur cité, pour être présenté au roi Partholon.
Jason et ses compagnons profitent de la très aimable hospitalité de leurs hôtes et cherchent à mieux connaitre leur société. Ils apprennent ainsi que ce peuple n’a pas besoin de dieux qu’il a l’Arbre de Vie. Leitos est approché par la princesse Alba, fille du roi, qui s’intéresse fortement à lui. C’est après une cérémonie rituelle qu’ils apprennent que l’Orbe de monde est dans l’Arbre de vie. Mais, comment le ramener ?
Dans ce troisième et dernier tome, les scénaristes donnent leur vision du monde Hyperboréen, cette sorte de paradis lointain (de la Grèce antique), le séjour des Bienheureux. Si Bienheureux il y a, c’est qu’ils n’ont pas besoin de dieux. Ils semblent communier avec la nature par le biais de cet arbre sacré. Mais les hommes peuvent-ils se passer de dieux ? Ceux-ci ne sont-ils pas omniprésents, jouant sadiquement avec les créatures dont ils sont les créateurs ?
Les scénaristes mènent une réflexion dans ce sens tout en donnant dans leur récit une large place à l’action. Qui pousse les hommes à se battent, à s’entredéchirer, si ce n’est les dieux ? Mais ces derniers, hypocrisie suprême ou magnifique pirouette sémantique, ne manipulent-ils pas leurs pantins sans que ceux-ci en soient conscients ? Qui parle vraiment ? Les dieux ou leurs représentants autoproclamés ?
Au-delà de l’action, du récit empruntant à une mythologie si riche, les scénaristes ne s’amusent-ils pas à nous interpeller à nous faire s’interroger sur la nature humaine, son rapport à son environnement et à ses croyances ineptes ? Nicolas Ryser, qui assure le graphisme, offre des dessins aux traits précis, se rapprochant de la ligne claire chère à l’École Belge. Si les personnages sont épurés, ils sont très expressifs. Avec le jeu des couleurs il met en scène des phases de l’action avec une dominante de rouge dans les affrontements sanglants, une dominante de blanc quand les dieux éblouissent les hommes.
L’Orbe du monde clôt de belle façon ce triptyque attrayant par la vision nouvelle d’un épisode de cette mythologie grecque, inépuisable source de récits.
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serge perraud
Jean-Blaise Djian & Olivier Legrand (scénario), Nicolas Ryser (dessin et couleurs), Les Derniers Argonautes - t.3 : L’Orbe du monde, Glénat, coll. “Grafica”, septembre 2017, 48 p. – 13,90 €.