Yannick Torlini, Ce n’est rien

Secouer ce qui reste de vie

Et si, tout compte fait, il n’existait pas un si grand écart que celui — ima­gi­nable — entre le « Ce n’est rien » de Yan­nick Tor­lini et celui de Julien Clerc ? Certes, le second paraît plus léger mais la dif­fé­rence tient à « l’acte » de chaque dis­cours. D’un côté une poé­sie ample qui entre en cer­tains méandres, de l’autre la néces­saire syn­thèse qu’impose le for­mat de la chan­son. Dans les deux cas le seul « radieux espoir » est celui de la pous­sière mais un cer­tain sur­sis est envi­sagé.
Le déve­lop­pe­ment de Tor­lini se crée en une suite de reprises d’éléments qui — d’un seg­ment à un autre — créent une suite de rhi­zomes aux ter­mi­nai­sons qui semblent cou­pées avant terme. Mais ce, afin de don­ner au pro­pos une force de néces­saire len­teur et une obs­ti­na­tion là où la vie hésite à se pla­cer sur ou en des­sous d’une ligne de flottaison.

Les phé­no­mènes d’échos créent par ailleurs une série d’appels que l’écriture fomente pas à pas, pied à pied dans le dur désir de durer. Quoique en sous-tension, une éner­gie ali­mente encore ce qui devient le théâtre d’une poé­tique gou­ver­née par la sen­ti­nelle.
L’auteur emprunte le moins pos­sible aux acci­dents du bio­gra­phique. Le texte est autant une science de la nature humaine que l’expérimentation du lan­gage. Celui-ci prend une signi­fi­ca­tion non seule­ment concep­tuelle mais per­cep­tuelle aiguë. Le lan­gage agit dans ses effets de reprises. Il offre la capa­cité de secouer ce qui reste de vie. Ce n’est pas un simple résidu même si les plus belles pages semblent der­rière le poète. A tort peut-être.

jean-paul gavard-perret

Yan­nick Tor­lini,  Ce n’est rien, Edi­tions Tar­mac, Nancy, 2017, 52 p.

 

1 Comment

Filed under Poésie

One Response to Yannick Torlini, Ce n’est rien

  1. Zellig

    Une fois encore l’agressivité de Gavard Per­ret est à l’oeuvre. Je ne compte plus ses cri­tiques néga­tives que j’ai par­cou­rues ici même. C’est encore vrai, cette fois, pour le tra­vail de Tor­lini. J’ai sou­vent lu d’autres textes ainsi traî­nés dans la boue. J’ai pu consta­ter la nul­lité de ces “cri­tiques” signées de cet acro­nyme snob : JLGP. Il faut le dire, et y insis­ter, JAMAIS celles-ci ne s’appuient sur une argu­men­ta­tion fine, pré­cise, débat­tue et fon­dée sur le texte : tou­jours l’imprécation, le gogue­nard filan­dreux, et… l’auto cita­tion à la limite du pla­giat. Mais n’est pas Vol­taire qui veut.… L’ expres­sion pisse-vinaigre de JPGP n’a pas la sub­ti­lité iro­nique de l’auteur de Zadig. Ni même celle des épi­grammes d’un néo Piron (ce serait, de sur­croît, en net­te­ment moins bien, cela va de soi). Oui, à la réflexion, le mépris envers ce faux cri­tique et vrai raté lit­té­raire lui fait encore honneur.

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