Elena Ferrante a été saluée dans le monde entier par la critique et le public pour sa série L’amie prodigieuse, dont le quatrième tome vient tout juste de sortir. L’auteure italienne s’est décidée à mettre sa plume au service d’une histoire poétique pour enfants. Une histoire qui fait écho à son roman Poupée volée.
La plage dans la nuit met en scène une petite fille de cinq ans Mati, très attachée à sa poupée Celina. Elle passe son été à la plage, mais s’amuse depuis peu plus avec le chaton que son papa vient tout juste de lui offrir. Et un beau soir, où toute la famille est très pressée de rentrer à la maison, c’est le drame ! Celina est oubliée sur la plage et, quand la nuit tombe, l’angoisse se met à monter. Celina, attend avec espoir le retour de Mati, mais elle doit faire face à un redoutable ennemi : le Cruel Plagiste du Couchant qui, à l’aide de son Grand Rateau, vient récupérer tous les objets abandonnés pour revendre les plus intéressants par la suite.
Quelle n’est donc pas sa joie quand il remarque Celina, qui peut parler, et dont les mots pourraient lui rapporter beaucoup ! Celina, terrorisée, doit faire preuve de beaucoup de ressources pour ne pas finir dans ses mains, mais que peut bien faire une petite poupée égarée face à la détermination d’un ennemi sans scrupules ? Celina retrouvera-t-elle sa petite maman Mati, ou finira-t-elle oubliée à jamais ?
Cette fable moderne sur les liens mère-fille et le pouvoir des mots est écrite avec une grande délicatesse et poésie. Elena Ferrante fait réfléchir les enfants sur leurs peurs, en particulier, celle de l’abandon. Elle montre aussi comment la jalousie et la solitude peuvent vite ronger le cœur d’un enfant, même si ‚ici, elles prennentla forme d’une poupée oubliée sur une plage à la nuit tombante.
C’est une histoire qui offre une belle métaphore sur la difficulté d’être mère, et de trouver les bons mots pour rassurer, ou faire face aux obstacles de la vie, pour ne pas sombrer trop vite dans la peur. Le Cruel Plagiste se nourrit des mots innocents de l’Enfance, et se moque bien des rêves de la petite poupée, et à travers elle, de celle de sa propriétaire.
Avec finesse et intelligence, Elena Ferrante, nous livre une histoire destinée aux jeunes enfants à partir de sept ans, qui les met en garde sur certains dangers de la vie, mais elle sait aussi les rassurer et leur insuffler du courage avec une fin apaisante. Ses mots sont subtilement mis en image par l’illustratrice italienne Mara Cerri, bien connue en Italie. Le tout apparaît donc comme une aventure fantastique et humaniste très réussie, qui pourrait bien donner d’autres envies d’écrire pour un public jeune à la romancière italienne.
franck boussard
Elena Ferrante & Mara Cerri (illustrations), La plage dans la nuit, Gallimard jeunesse, albums junior, à partir de 7 ans, septembre 2017, 48 p. — 13,00 €.