Dans sa résidence du Berghoft, en janvier 1943, Hitler écoute Himmler qui lui fait le récit de l’attentat auquel il a échappé. Il avait financé une expérience menée par le scientifique Bleiberg pour arriver à la création d’un Übermensch, un surhomme. Lors de la présentation du “Sujet 302″, une expérience réussie, ce dernier s’empare de l’arme d’Himmler et fait exploser des réservoirs.
En route pour Bruxelles, le trio composé de Jay Corbin, Jachy Walls et d’Eytan Morg s’accorde une pause nicotine. Le premier est un ex-trader sur les traces d’un père parti il y a vingt-cinq ans, la seconde est un agent de la CIA placé à ses côtés pour le protéger et le dernier est un tueur du Mossad, qui a pour mission de défendre les deux jeunes gens. Ils sont partis de Zurich où le père de Jay avait un coffre dans lequel ils ont trouvé des documents relatifs à un Consortium, une adresse dans la banlieue de Bruxelles et une photo de Bleiberg et du Sujet 302. Au dos de cette photo, une phrase est inscrite qui semble tirée d’un livre que le père de Jay citait sans cesse.
Eytan veut s’arrêter dans une station-service et se précipite aux toilettes. Pour avoir un début d’explication sur les menées de laboratoires pharmaceutiques, Jacky décide d’appeler Bernard Dean, le patron de Jay, un agent de la CIA. C’est une femme qui répond et qui annonce qu’elle lui tiré une dans la nuque. Elle précise qu’ils ne devraient pas s’arrêter ainsi, car leur avance sur ses hommes se réduit…
Cette série propose une intrigue musclée trouvant ses racines dans une des nombreuses expériences menées par les nazis, empruntant à un fatras de données ésotériques, des croyances auxquelles un enfant de dix ans n’adhérerait pas. L’action passe de notre époque à celle de la Seconde Guerre mondiale, mêlant avec adresse ces données anciennes et les incidences qu’elles peuvent avoir dans le monde d’aujourd’hui où des déséquilibrés de la même veine tentent de ressusciter un passé infâme. L’intrigue intègre également des menées criminelles de laboratoires. Un volume aussi riche en actions qu’en révélations avec des scènes d’action percutantes.
Serge Le Tendre découpe le roman en temps forts, laissant, cependant, un peu de place pour expliciter les parcours et les motivations des protagonistes. Ce récit d’espionnage réunit tous les ingrédients du genre comme des enjeux à l’échelle de la planète, un complot aux incidences mondiales et une histoire sentimentale qui s’ébauche entre les deux jeunes gens, la jolie et efficace Jacky et le loser Jay. Mais il reste encore beaucoup à découvrir entre la personnalité réelle de cet agent du Mossad, la composition et les buts du Consortium… Peu à peu, cependant, la réalité apparaît, trouble, dangereuse. De plus, le cobaye de Bleiberg serait-il encore en vie ?
Le dessin et la mise en couleurs sont signés par Frédéric Peynet qui offre un festival de scènes d’action, de combats où le dynamisme est de mise. S’il donne des décors soignés comme la contre-plongée d’une bibliothèque, il laisse cependant la primeur aux personnages dont l’expressivité est fort réussie. Le choix de teintes douces colore agréablement les vignettes.
Un second tome palpitant qui se laisse découvrir avec un grand plaisir. L’intrigue percutante est menée de main de maître.
lire notre critique du tome 1 : “Les fantômes du passé”.
serge perraud
Serge Le Tendre (scénario d’après le roman de David Khara) & Frédéric Peynet (dessin et couleur), Le Projet Bleiberg — t.2 : Deep zone, Dargaud, septembre 2017, 56 p. – 13,99 €.