Quand l’œil d’une caméra fait apparaître un fantôme
Doit-on encore vraiment présenter Harlan Coben qui, après 14 romans parus chez Belfond, s’est imposé comme un des maîtres du thriller ? Comme chaque année, il nous propose un nouveau roman, jouant à nouveau avec nos nerfs jusqu’à la dernière page. Cette fois-ci, son personnage principal, est une femme au caractère bien trempé. Ex-militaire, encore traumatisée par le rôle qu’elle a pu jouer en Irak, Maya vient de perdre son mari Joe, suite à une agression dans Central Park. Très perturbée par la perte de l’homme qu’elle chérissait, elle décide de mettre en place une caméra habilement dissimulée dans son salon, pour surveiller à distance sa fille chérie et sa baby-sitter. Quelle n’est pas sa surprise de voir apparaître un jour un homme qui joue avec sa fille Lily, un homme qu’elle reconnaît rapidement comme étant Joe. Est-il possible qu’il soit encore vivant ? Qui est-alors l’homme qu’elle a enterrée et qu’elle pleure depuis des jours ?
Bien décidée à éclaircir cette troublante affaire, Maya va tout d’abord interroger sa baby-sitter. Mais celle-ci l’agresse et disparaît. Maya n’a plus d’autre choix que de fouiller le passé de son mari, quitte à dévoiler les secrets enfouis par sa riche belle-famille. Pour ce faire, elle devra s’allier à l’homme qui a ruiné sa réputation de soldat. Mais à vouloir de trop près approcher le soleil, elle pourrait bien se brûler les ailes et voir disparaître tout ce qui compte pour elle…
La nouvelle machination mise en place par Harlan Coben est nettement plus réussie que la trame de son précédent roman Intimidation, où un autre couple était lui aussi en danger. Bien sûr, les habitués de Mister Coben retrouveront les ficelles que ce marionnettiste sait tirer avec talent : passé trouble, habile mélange de vérités et illusions, sens du devoir familial, course contre le temps et la mort… Y est-ici rajouté le traumatisme d’une nation suite à la guerre en Irak, et la difficulté de se reconstruire. L’héroïne ne réussit pas à oublier les choix qu’elle a dus effectuer pendant son service, et sombre parfois (à tort ou à raison ?) dans la paranoïa. Réapparaît aussi la thématique de l’hyper sécurité et de la facilité qu’ont les Américains à se procurer une arme. Rajoutez-y les dangers de cette ‘merveilleuse’ source d’informations qu’est Internet, où tout et n’importe quoi peut être dévoilé, quelles qu’en soient les conséquences. Et vous trouverez ainsi dans ce roman bien plus matière à réflexion que dans certains autres ouvrages du maître du thriller américain.
Double piège intéresse d’ailleurs déjà le cinéma, puisqu’il est en cours d’adaptation avec une certaine Julia Roberts, qui pourrait bien incarner Maya… A voir peut-être dans les prochains mois sur nos toiles ; à lire en attendant bien au chaud derrière nos portes closes, et toutes caméras éteintes, bien entendu !
franck boussard
Harlan Coben, Double piège , Belfond Noir, Octobre 2017 , 374 p. — 21,90 €.