Djemila Khelfa (photo Quetin Caffier) traverse le temps : il n’a pas de prise sur elle. A cela une raison majeure : l’icône n’est pas une image, elle est habitée. Outre sa beauté, la bousculeuse des idées reçues prouve au fil des jours son intelligence et une énergie communicatrice. Elle reste la mouche de bien des coches avec pour devise : qui m’aime me suive. Les autres n’ont qu’à passer leur chemin. Issue du quartier des Minguettes de la banlieue lyonnaise, elle est devenue Reine des nuits parisiennes et source d’inspiration pour de nombreux stylistes, elle pose pour des campagnes Hermès, YSL, Comme des garçons. Andy Wharol anticipait sa modernité en disant : ” Je trouve Djemila parfaitement graphique, elle est le prototype de la femme de l’an 2000″. Pour preuve, elle est un modèle de Mondino et la Muse de Pierre Et Gilles.
Elle n’a cessé de retirer les baillons qui entravent les créateurs en herbe afin de faire advenir ce qui chez eux est encore en germe. Evitant de s’apitoyer sur elle-même, Djemila Khelfa possède la fureur enjouée pour faire voler en éclats les interdits. Sa liberté va croissant et son élan l’emporte vers celles et ceux qui ont toujours quelque chose à réaliser. Elle les accueille pour qu’ils la rejoignent. Reste cachée en elle l’enfant d’avant : mais pas question de jouer les femmes infantiles.
Dans les fêtes les plus folles, son sourire est tout sauf futile et ses attentions ne sont pas factices. Elle traite de la même façon un prince de la nuit que le balayeur du Paris qui s’éveille. Que demander de plus ?
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’incréé, Dieu.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
En partie perdus dans le Léthé, le reste est à venir.
A quoi avez-vous renoncé ? Fonder une famille
D’où venez-vous ?
Des 4 éléments présocratiques : l’eau le feu, la terre , l’air.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
La grâce
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Rire
Qu’est-ce qui vous distingue des autres égéries ?
Je ne suis ni homme ni femme ni enfant.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Cet homme seul, désarmé, devant 4 chars de l’armée chinoise, Place Tiananmen en 1989.
Et votre première lecture ?
« Le Blé en herbe », Colette
Quelles musiques écoutez-vous ?
Funk, rock, blues, musiques arabes.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
« Mort à crédit », Céline.
Quel film vous fait pleurer ?
La fin du film « Les 400 coups » de François Truffaut
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Une belle femme
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A ma mère
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Le Pont Neuf, Paris
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Charlie Chaplin.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une Twizy.
Que défendez-vous ?
Les gens qui dorment dans la rue.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Je tourne les talons et je m’en vais.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Depuis quand quoi ?
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Si j’étais heureuse ?
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 21 octobre 2017.
Jolie partie de tennis.
Elle smatche avec élégance Dja.
C’est bien elle.
D’ailleurs c’est toujours elle.