De l’asphalte jungle aux étoiles
L’écriture de Laura Vazquez possède une force et une présence physique là où néanmoins son locuteur/héros échappe à son environnement naturel et basique. De sa guérite au firmament, il n’y a plus qu’un pas. Le texte devient l’expression d’une émotion individuelle, d’une relation du corps au monde : « je suis avec les fusées / je ressens de la joie et je ressens de l’air et je ressens mes mains /ne ramassez pas mon signe de vie /ne relevez pas mes plaquettes /je suis le jumeau de qui ? je regarde le monde passer comme un ruisseau ».
La poétesse résout de la sorte la relation au corps dans l’altérité plutôt que dans l’identité qu’elle permet néanmoins pénétrer. Le principe retenu s’y donne comme processus de changement et de mouvement. Dès lors, l’altérité n’est plus associée à la ressemblance ou la similitude mais à la différence et la disparité.
L’ombre devient l’aspect tangible d’un éros particulier. Il montre la distance qui s’insère forcément entre le réel et sa représentation. La poésie remplace le monde par sa « re-présentation ». Ce déplacement est essentiel. Il ne retranche rien. Au contraire. Il ajoute au corps sa dimension invisible.
jean-paul gavard-perret
Laura Vazquez, Le signe vertical, Littérature Mineure, Rouen, 2017 — 8,00 €.