François Szabowski sait ce qu’il en est de l’amour. Pour preuve, le titre de ses derniers livre : Les femmes n’aiment pas les hommes qui boivent ; Il n’y a pas de sparadraps pour les blessures du coeur ; Les majorettes, elles, savent parler d’amour ; Il faut croire en ses chances. Avec un tel passif, le lecteur peut lui faire confiance.
Et il aura raison. Le sombre héros de son dernier livre est un prétentieux qui rêve de mourir – ou au moins de – afin de laisser un souvenir impérissable. D’où cette nouvelle version de L’homme qui aimait les femmes de Truffaut. Celui qui, victime de son impéritie, succombe au moindre jupon, ne supporte pas les ruptures et les histoires qui partent en quenouille met au point auprès de chaque femme ses funérailles. Mais c’est bien là que tout déraille.
Pas question pour autant de dévoiler ici les déboires du mort-vivant ou du vivant mourant. Précisons simplement que dans ses affres imaginaires le héros croit s’en tirer avec intelligence en proposant à ses muses des grands mots pour grand remède. Mais le céleste hymen et le largage en plein vol ne sont que des miscellanées de tissus peu conjonctifs. Ils font les succès damnés car les mots sont sciés par des stratégies qui mettent la charrue avant l’hébreu.
De tels projets font grommeler les lunes de miel. L’auteur a beau croire que ses fromages peuvent faire un lait mental. Il n’en est rien. Mi-figues, mi-raisins de la colère, les belles vitupèrent (lubriques ou non) tant elles ont de ressorts. Et pas seulement au lit. A bon entendeur, salut.
jean-paul gavard-perret
François Szabowski, L’Amour est une maladie ordinaire, Editions Le Tripode, Paris, 2017.