Gillian Wearing fait de la famille un cinéma Paradiso — ou presque. Car il faut se méfier des apparences. Sous le glacis des portraits des fissures apparaissent. Mais le photographes n’en donne pas la clé et à peine des indices. C’est d’ailleurs ce qui accorde à ses portraits des profondeurs de vue. Le photographe semble rester roide devant ses sujets et ce qu’il en reçoit, perçoit et répercute.
Mais il crée la débandade des horizons afin de montrer les confins où s’amorce la fragilité des liens.
La famille reste ainsi telle la promesse de l’écorce rompue. Néanmoins, chacun veut y fonder sa lumière. Existe tout un jeu de présences et de ruptures, de liens et de solitudes. Une femme seule en dévoile certains signes. L’indicible est là. Et la photographie saisit par le revers ce qu’on oublie de contempler avec nos regards plein de vertus maternelles, paternelles et filiales. Elle montre un état des lieux de la cellule première telle qu’elle est.
Cela s’appelle encore Eden eu sein de cet enclos où, tout de même, l’enfant avant de devenir ce qu’il est est ce qu’il devient.
jean-paul gavard-perret
Gillian Wearing, Family Stories, Hatje Cantz, Berlin, 2017, 129 p. — 35,00 €.