Nicolas Lavarenne, Corps Eternels

Chan­ger les codes

Kris­tina D’Agostin ose bri­ser cer­tains tabous. Cela ne plaît pas à tout le monde. Mais qu’importe. Elle fait le tra­vail que devrait assu­rer tout com­mis­saire d’exposition. Qu’importe donc si les éphèbes, mou­lés de leur seule nudité, dérangent. S’il s’agissait de vénus dans le même appa­reil per­sonne n’y trou­ve­rait à redire.
Le corps nu de l’homme n’est plus traité par Lava­renne en masque aveugle ou mur d’interrogation. Il est tel qu’il est. Ni celui des for­ni­ca­teurs révo­lus ou en puis­sance ni même celui des Janus som­no­lents. Il se dresse comme masse ailée. Elle balaye les visions offi­cielles et offre enfin le contre-feu à ce que les artistes réservent trop sou­vent au corps féminin.

Sans le vou­loir, Nico­las Lava­renne force la clé d’une porte inter­dite. Même monté au zénith, ce corps pro­voque un fais­ceau de gri­maces. Preuve que rien ne change, voire que tout régresse. Les culot­tiers du Pape n’ont qu’à se pré­pa­rer. Pour le mâle, il ne fau­drait donc ne mon­trer que son fan­tôme afin que puisse y lou­voyer une forme de volupté.
Les voyants mal le mâle oublient que cares­ser du regard une sta­tue n’est pas un acte « impie ». L’œuvre per­met de remon­ter l’histoire de l’art et se lais­ser gui­der vers la pure émer­gence. D’autant que Lava­renne ne crée pas pour sup­por­ter l’existence mais pour la sou­le­ver. Il s’agit de rou­vrir un cercle, de fran­chir à nou­veau un seuil afin que le passé grec se pro­longe par un futur décomplexé.

jean-paul gavard-perret

Nico­las Lava­renne,  Corps Eter­nels, Ferme de Bres­sieux, Bassens-Chambéry, du 8 sep­tembre eu 20 octobre 2017.

 

1 Comment

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One Response to Nicolas Lavarenne, Corps Eternels

  1. Hélène Labelle

    Qu’importe donc si les éphèbes, mou­lés de leur seule nudité, dérangent. S’il s’agissait de vénus dans le même appa­reil per­sonne n’y trou­ve­rait à redire.”

    Oui, parce que le nu fémi­nin, nous y sommes habi­tués, le nu mas­cu­lin, non.

    Mais ça choque qui, en fait, à part quelques vieilles bigotes et les isla­mistes?
    (Vieilles bigotes: pas besoin d’être vieille, ni même d’être une femme).

    Ceux que la vue d’un corps nu choque sont sim­ple­ment des gens déran­gés psy­chi­que­ment et sexuel­le­ment. Ils se sont lais­sés intoxi­quer par l’immoralité véhi­cu­lée par les reli­gions, pour qui la nudité ne peut être que syno­nyme de lubricité.

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