Paul Kranzler photographie la jeunesse qui l’entoure. Il tente à travers ses signes (vêtements, attitudes, etc.) la narration implicite de ce que les corps disent ouvertement ou non de leur sexualité.
Sa série Syndicates 17 (dont le titre est une reprise du nom du label du chanteur rap Ice-T comme écho à l’époque où certaines des photos furent prises) est une vision encore plus — sinon brutale — du moins directe de cette jeunesse qu’il a saisie pendant deux décennies à travers l’Autriche rurale et des régions allemandes équivalentes.
S’y éprouve de manière insidieuse la recherche d’une identité indécise. Dans Kylie Britney Christina Pamela Pink (qui reprend entre autres cette série) les visions sont parfois plus « cools » mais tout aussi impertinentes. Le titre même du livre est significatif. Prises dans des lieux précis, de telles images donnent néanmoins une vision très générale de l’occident à l’angle de deux millénaires.
Les jeunes gens semblent parfois engoncés dans les « habits » du passé et parfois dans la rémanence d’une idéologie puritaine mais naturiste qui n’est peut-être pas facile pour eux à assumer.
Markus Binder, batteur et librettiste du groupe « Attwenger », illustre les histoires qui se cachent derrières des photographies prises de 1990 à 2013. Elles sont bien plus que des archives personnelles même si Kranzler lui-même apparaît ainsi que ses amis. Le photographe demeure attiré par cette culture où des jeunes s’emparent de vieilles fermes qu’ils convertissent en clubs et dance-floors sommaires pour passer leurs soirs d’été.
Il examine aussi la manière dont la culture traditionnelle germanique interfère avec une culture globale en termes d’habits, postures, mode et langage et trouve une sorte de cohésion provisoire.
jean-paul gavard-perret
Paul Kranzler, Kylie Britney Christina Pamela Pink, Texte de Markus Binder, 2017, Fotohof, Salzburg, 99 p.
– Syndicate 18, 2017, 40 p. - 39,00 €., Idem.