A 21 ans, Vittoria Gerardi, originaire de Padoue, bénéficie déjà d’une exposition personnelle. Il est vrai que ses créations photographiques à la fois paysagères et abstraites (en particulier celles du désert le plus chaud du monde : celui de Death Valley en Californie) répondent à une stratégie et une esthétique particulières. L’artiste offre une mentalisation du lieu.
Elle ouvre un Imaginaire de conquête très particulier : il n’est pas contaminable par la représentation. Existe un ensevelissement de la surface géographique par des effets de « traces » selon à la fois un détachement et une immixtion et dans le refus du “chaotique” qui fit l’ordinaire de tout un art pendant bien des années.
Le paysage devient une langue étrangère dans la langage visuel. L’artiste utilise des fragments de négatifs pour couper soit verticalement, soit horizontalement et en insert le paysage lunaire du désert américain en sous-exposition ou représenté selon des lignes de crête intangibles. Se créent des horizons et de nouvelles frontières. Elles rappellent celles que les pionniers tentaient de franchir ou de faire reculer en traversant ce lieu pour atteindre leur « Zion » californien comme nouvelle terre promise.
Le travail n’a donc rien de géographique. Il devient à proprement parler symbolique. Le transfert ou collage crée un nouveau « cliché » que l’artiste retravaille et édite en œuvres originales. L’œuvre « indexée» à partir du lieu permet des métamorphoses et le font oublier en tant qu’auto-référencement. L’artiste échappe à son modèle afin de voler de ses propres ailes. Si bien qu’entre l’objet de départ et son sujet déplacé, il n’est plus question de « blanc Bonnard et Bonnard blanc » (Beckett).
jean-paul gavard-perret
Vittoria Gerardi, Confine, galerie Thierry Bigaignon, 9 rue Charlot Hôtel de Retz 75003 Paris 3e, du 16 septembre au 4 novembre 2017.