Mike Ford va se marier avec Annie, mais les préparatifs, le choix de la vaisselle… l’ennuient fortement. Il a besoin de prendre l’air. Il avait repéré une partie de bonneteau et décide de s’amuser, connaissant tous les trucs de l’escroquerie. De retour, coincé entre sa fiancée et la grand-mère de celle-ci, plus riche de huit-cents dollars, il prend conscience que la vie tranquille et respectable à laquelle il aspirait n’est sans doute pas pour lui. De plus, son futur beau-père est opposé à ce mariage.
Il veut profiter de cet événement pour se rapprocher de Jack, son frère aîné, qui l’a protégé pendant son enfance mais dont les entourloupes et le passé chargé l’ont éloigné. Toutefois, Mike n’a pas, non plus, un passé d’angelot. Pendant qu’ils sont ensemble, un trio arrive pour menacer Jack, lui reprochant d’avoir fait foirer leur plan. Ils exigent qu’il fasse lui-même le boulot, menaces pressantes à l’appui. Dans un premier temps, Mike est incrédule, ayant déjà vécu une scène semblable pour lui soutirer de l’argent. Mais l’ultimatum est bien réel et il se retrouve impliqué jusqu’au cou dans l’histoire.
Après avoir extirpé des indications sur ce plan, Mike comprend qu’il s’agit de quelque chose de sérieux. Jack devait payer un économiste de la Réserve fédérale pour les éléments de la directive soumise par le conseil, le vade-mecum de l’économie américaine. Connaître celle-ci à l’avance, selon les situations, fait empocher des milliards de dollars. Et c’est Mike qui doit trouver le contenu de la prochaine directive. Il retrouve l’économiste mais le contact est difficile. Celui-ci, pris de remords veut alerter la justice. Il est assassiné, sous les yeux de Mike, avant de rencontrer un procureur.
Tout est à faire, dans un délai très court. En plus de la menace qui pèse sur Annie et sur les proches de Mike, il est recherché par toutes les forces de police de New York.
Ce roman fait entrer dans le fonctionnement de certains milieux financiers qui pilotent l’économie américaine, entre autres la célèbre Fed (La banque centrale des États-Unis). L’auteur amène ces éléments avec suffisamment de détails et de clarté pour suivre avec aisance ces opérations et ces mouvements boursiers.
Mais ce n’est qu’un élément de l’intrigue. C’est d’abord un thriller avant d’être un manuel d’économie. Nous retrouvons donc un héros bousculé sans cesse, devant se méfier de tout le monde y compris de certains de ses proches, en danger permanent pour lui et son entourage familial. Matthew Quirk retient pour ce rôle un personnage venu d’un milieu modeste où la vie n’était pas facile. Sa mère a disparu très vite et son père, s’il était toujours vivant, était en prison, lieu qui ne facilite pas l’éducation de garçons dehors dans la nature.
Mais depuis il a évolué et fréquente un milieu aisé voire fortuné. Il se heurte au père de sa fiancée qui ne voit pas d’un bon œil entrer dans la famille un individu au passé tumultueux. Néanmoins, l’auteur mettra bon ordre avec beaucoup d’humour, un humour grinçant. Il dote son héros d’un métier qui lui ouvre nombre de portes car, en tant qu’avocat, il a une excellente réputation d’intermédiaire politique à Washington. Il mêle, pour son intrigue, des agents du FBI, des officines privées, une entreprise de renseignements économiques, des agents de change et autres traders. Tous ont de motivations bien différentes et des objectifs contradictoires qui restent obscurs jusqu’à une conclusion fort bien amenée.
Un humour noir, cynique, ponctue nombre des dialogues où les répliques s’enchaînent avec naturel, des réflexions personnelles du héros. Par exemple, lorsqu’il s’aperçoit qu’Annie est pour l’instant, rentrée saine et sauve à la maison : “Je m’autorisai à passer d’un état de terreur absolue à celui de simple peur panique.”
Confidentiel défense se lit avec un grand plaisir pour l’action débridée, les personnages tous plus attachants ou tous plus noirs les uns que les autres et une intrigue menée avec brio.
serge perraud
Matthew Quirk, Confidentiel Défense (The Directive), traduit de l’anglais (États-Unis) par Diniz Galhos, cherche midi, coll. “Thrillers”, juin 2017, 448 p. – 22,00 €.