Le 16 mars 2046, dans un conteneur et dans une cité en ruines, Narcisse Membertou, le garde du corps de celui qui deviendra Monsieur Foll, est intrigué. Son patron travaille si lentement sur un robot, alors qu’il a promis de livrer un gigantesque parc d’attractions dans un délai très court. La réponse ne l’éclaire pas.
Le robot terminé, Foll demande à Membertou de l’emmener, sur son dos, dans un endroit bien sec. Il est réveillé par des cris qui se révèlent être ceux d’une dame qui fait l’amour avec Narcisse, un spectacle qui le ravit. Lorsque Narcisse a fini, il l’interroge sur ses rapports avec cette dame pour tenter de comprendre comment se nouent des relations entre un homme et une femme pour arriver à l’acte sexuel. Puis il lui montre, depuis leur balcon, l’armée de robots qui commence les travaux.
Le 29 juin 2059, pour contrer les effets néfastes de l’attaque terroriste sur les vacanciers, les avatars de Foll et d’A.L.I.C.E en font des tonnes. Il faut trouver des boucs émissaires. Zach, parce qu’il a épargné un homme, perd son statut de flic et est assigné à résidence. Un jeune garçon débarque d’un train et s’achemine tranquillement vers un but connu de lui seul.
Plus tard, Fool fait du voyeurisme avec le consentement de Narcisse qui lutine une belle femme. Une jolie blonde court vêtue débarque alors dans la chambre de Fool. Il est paniqué mais se laisse faire par cette entreprenante jeune femme jusqu’à ce qu’il découvre qu’elle est un robot. Il a été conçu par A.L.I.C.E qui voudrait résoudre les problèmes de son patron avec les femmes, qu’il satisfasse son envie de rapports sexuels.
Mais la chasse aux terroristes continue de plus belle, dans tous les sens, avec tous les excès d’une dictature acculée. Zach, depuis sa chambre, peut avoir accès aux archives de Monplaisir et ce qu’il découvre n’est pas reluisant…
Avec ce quatrième volet, les révélations s’enchaînent car le dénouement est proche. Les événements qui ont secoués Monplaisir, ce parc d’attraction planétaire conçu pour accueillir dix-huit millions de visiteurs par jour (Disneyland joue dans la cour des minus), trouvent un début d’explication. Derrière toute entreprise, même celles vouées comme ici au plaisir sous toutes ses formes et dans tous ses excès, se cachent des souffrances. Tout le monde ne s’amuse pas, bien au contraire. Le scénariste ne ménage pas ses personnages. Le passé de M. Foll, qui est loin d’être propre, explique certaines des situations vécues dans le parc. Zach lève le voile sur d’horribles vérités.
La progression inexorable que Luc Brunschwig donne à son récit, sa narration fluide, son art d’orchestrer les péripéties font merveille. Il surprend continuellement le lecteur réalisant un sans-faute dans son récit et fait de ces albums une des séries phares de la bande dessinée de science-fiction.
Le graphisme de Roberto Ricci est admirable. Son trait élégant et son art du détail éclairent vignettes et planches. Il multiplie les sortes de vêtements et les accessoires, place avec naturel les différents protagonistes dans des décors splendides, d’une grande inventivité. Les mises en image, en page sont particulièrement réussies, comme le dynamisme des scènes d’action.
Enquête immobile fait attendre avec impatience le dénouement, mais également avec regret car il signera la fin de la série ! À moins que Luc Brunschwig n’ait dans sa manche quelques bonnes surprises.
serge perraud
Luc Brunschwig (scénario), Roberto Ricci (dessin), Roberto Ricci et Manolo Linares (couleur), Urban t. 4 : “Enquête immobile”, Futuropolis, juin 2017, 64 p. – 16,00 €.