Luís Miguel Rocha, La balle sainte

Une magni­fique machi­na­tion

De nos jours, à Londres, deux hommes fomentent la seconde par­tie d’un plan. Le plus âgé met en garde son jeune inter­lo­cu­teur. Celui-ci ne semble pas consi­dé­rer JC à sa juste valeur. Puis le récit se déplace au 13 mai 1981 et relate, de façon cir­cons­tan­ciée, l’attentat dont est vic­time Jean-Paul II. À Jéru­sa­lem, Abou Rashid, un vieil arabe, fait des miracles et sou­tient que la Vierge lui appa­raît tous les jours. Un homme est à sa recherche dans le dédale des vieilles rues. Rafael San­tini est convo­qué au vati­can sur ordre de Benoît XVI.
Une ren­contre très hou­leuse a eu lieu, en février 1981, entre les car­di­naux Paul Mar­cin­kus, le maître de la finance vati­cane, et Joseph Rat­zin­ger. Un octo­gé­naire, retraité de la CIA, est abattu dans les toi­lettes de la gare d’Amsterdam-Centrale. Un couple, en train de copu­ler dans le WC voi­sin, est éga­le­ment assas­siné.
Sarah Mon­tiero a gravi des éche­lons dans le pres­ti­gieux Times. Elle est, depuis quelques mois, en charge de la poli­tique inter­na­tio­nale. Elle a recruté un sta­giaire, Simon Lloyd. Elle reçoit un appel venant de la mai­son pater­nelle, au Por­tu­gal. C’est JC. Il lui ordonne de quit­ter Londres sans perdre une minute en empor­tant ce qu’il lui a fait remettre, il y a presque un an. Sans attendre, elle part, sui­vie de Simon dont elle ne sait com­ment se débar­ras­ser. Alors qu’elle va entrer chez elle, pour prendre quelques affaires, un homme de L’Intelligence Ser­vice l’arrête et lui demande de l’accompagner. Elle donne la clé de son appar­te­ment à Simon, lui deman­dant de l’attendre chez elle. Le jeune homme déclenche une explo­sion qui ravage le quar­tier. La voilà, une fois encore lan­cée dans une suite d’aventures où elle va côtoyer, outre le dan­ger, tous les per­son­nages dou­teux qui gra­vitent entre Vati­can et CIA

L’auteur pour­suit ses révé­la­tions rela­tives à des Com­plots au Vati­can. Après Le der­nier pape où il basait son intrigue sur la mort, dans des condi­tions étranges, de Jean-Paul Ier, il s’attache à l’attentat contre Jean-Paul II, au chaos occa­sionné par les scan­dales finan­ciers et aux nom­breux décès inex­pli­cables qui s’ensuivent.
Le roman­cier emploie, avec maes­tria, tous ces élé­ments, tous ces per­son­nages pour ima­gi­ner un récit mus­clé, riche en actions, en péri­pé­ties et en rebon­dis­se­ments addic­tifs. Il bâtit, ainsi, un thril­ler inté­grant aven­tures et espion­nage où com­plots, meurtres, orga­ni­sa­tions confi­den­tielles, ser­vices secrets, mènent une ronde endia­blée. Autour du Vati­can, pièce cen­trale de son intrigue, il met en scène la CIA, des loges d’obédiences diverses, fon­da­men­ta­listes, et toutes les grandes orga­ni­sa­tions mafieuses qui font les beaux jours du crime orga­nisé. Il met en musique des évé­ne­ments qui ont fait l’actualité avec des actions de fic­tion, don­nant une authen­ti­cité his­to­rique à son roman.
On retrouve avec grand plai­sir, Sarah Mon­tiero dont on a pu suivre les nom­breux ava­tars dans le pré­cé­dent volume de la série. Elle est entou­rée de méchants de la plus belle eau, de per­son­nages au tem­pé­ra­ment affirmé tel le car­di­nal Paul Mar­cin­kus, qui déclare, par exemple, en 2006 : “On ne dirige pas L’Église avec des Ave Maria.

Ce roman est éga­le­ment cap­ti­vant par l’apport de don­nées per­ti­nentes, pré­cises et com­plètes sur les dif­fé­rents sujets et lieux abor­dés. Docu­menté, ana­ly­tique, éru­dit, ce livre offre une source d’indications authen­tiques pas­sion­nantes, tant sur le Vati­can et son fonc­tion­ne­ment que sur les papes, les loges très dis­crètes ou des évé­ne­ments poli­tiques, des mou­ve­ments de société.
Le style est alerte avec un sens du récit qui implique une conni­vence avec le lec­teur et donne un ton véri­dique. Ainsi : “Sa mai­son se situe à l’extrémité… mais nous n’en dirons pas plus pour pré­ser­ver sa vie pri­vée.
La balle sainte conjugue avec brio la ten­sion du thril­ler, le détail d’un livre his­to­rique et les arcanes du monde de l’espionnage et de celui du crime organisé.

serge per­raud

Luís Miguel Rocha, La balle sainte (Bala Santa), tra­duit du por­tu­gais par Vincent Gorce, Folio Poli­cier n°833, mai 2017, 656 p. – 8,80 €.

 

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