L’intention est louable, le style agréable, mais le résultat : trop long
Veritas est le troisième volet (après Imprimatur et Secretum) d’une saga historique qui comprendra sept tomes, dont les titres formeront une phrase latine encore mystérieuse — Imprimatur secretum veritas mysterium unicum… — puisqu’on n’en connaît pas les deux derniers mots. En plein hiver 1711, l’abbé Melani tire un misérable ramoneur de son dénuement pour l’envoyer à Vienne. Là, il compte sur son aide pour enquêter sur un complot supposé contre l’empereur Joseph 1er. Une série de meurtres marque le début de leurs aventures et la mise au jour d’une vaste conspiration au sommet de l’état. L’abbé Melani, figure récurrente des deux premiers opus, personnage haut en couleur — vieillard malin et touchant, manipulateur et droit — n’est pas, à l’image de plusieurs intervenants du roman, tout droit sorti de l’imagination fertile du couple d’auteurs. C’est au cours de leurs recherches — ils passent notoirement de nombreuses heures dans les bibliothèques de toute l’Europe pour préparer leurs romans — qu’ils ont mis la main sur un manuscrit resté secret de cet ancien castrat devenu diplomate et agent secret au service de Louis XIV. Exaltés par sa vie trépidante, ils décident d’en faire le héros de leur saga. À mi chemin entre roman historique et policier, ce livre hybride est difficilement classable. Les personnages fictifs (le narrateur et sa famille, notamment) côtoient sans complexe les acteurs réels de cette Renaissance italienne foisonnante (de l’abbé sus-mentionné à l’empereur Joseph 1er, en passant par Camilla de Rossi, la belle musicienne auteur d’oratorios célèbres ou Simonis Rimanopulos, l’étudiant grec mi-débile mi-génial).
Après le succès des deux premiers tomes, Veritas ne manquera sans doute pas de se faire sa place au firmament des amateurs de complots au long cours. Car le livre est long, plus de 700 pages, et il faut de la patience pour en arriver dans le cœur du sujet (la rencontre avec l’abbé et le début de l’enquête ne commençant qu’après la 150ème page). Malgré la similitude du sujet avec le fameux et tout aussi controversé Da Vinci Code, on est loin ici de l’école américaine du suspense à la Dan Brown.
La narration prend son temps, quitte à devenir un brin ennuyeuse parfois, distillant au passage nombre de détails de la vie quotidienne. Si les amateurs d’histoire y trouveront amplement leur bonheur, l’intrigue, il faut bien l’avouer, en pâtit quelque peu. On s’embourbe dans les descriptions minutieuses de telle coutume ou de tel chef-d’œuvre architectural, on se perd dans les péripéties et les rebondissements. Variatio delectat ou risque d’indigestion ?
Reste que l’ouvrage est bien écrit — et traduit — et qu’un livre qui réussit à fâcher à la fois le Vatican (qui boycotte la saga) et Sylvio Berlusconi (qui a interdit le deuxième tome, obligeant les auteurs à vendre les droits du troisième à une maison d’édition tchèque) ne peut pas être tout à fait mauvais…
agathe de lastyns
Rita Monaldi & Francesco Sorti, Veritas, traduit de l’italien par Dominique Vittoz, coll. “Feux croisés”, Plon, novembre 2011, 740 p.- 24,90 € |
Long, oui, un peu moins ” vif “que les 2 premiers mais je suis fan d’histoire et mon bonheur est complet à la lescture de ce 3ème volet ! Et puis, si bien écrit et vraiment rien à voir avec ceux de Dan Brown ou autres auteurs de soi-disant thrillers historiques …
J’attends avec impatience Mysterium …
Cordialement,
Florence
Eh bien nous sommes en 2016 et pas de nouvelles sur le prochain livre ”Mysterium ” Chez Plon c’est silence radio .Peut-être en 2017…