Rita Monaldi & Francesco Sorti, Veritas

L’inten­tion est louable, le style agréable, mais le résul­tat : trop long

Veri­tas est le troi­sième volet (après Impri­ma­tur et Secre­tum) d’une saga his­to­rique qui com­pren­dra sept tomes, dont les titres for­me­ront une phrase latine encore mys­té­rieuse — Impri­ma­tur secre­tum veri­tas mys­te­rium uni­cum… — puisqu’on n’en connaît pas les deux der­niers mots. En plein hiver 1711, l’abbé Melani tire un misé­rable ramo­neur de son dénue­ment pour l’envoyer à Vienne. Là, il compte sur son aide pour enquê­ter sur un com­plot sup­posé contre l’empereur Joseph 1er. Une série de meurtres marque le début de leurs aven­tures et la mise au jour d’une vaste conspi­ra­tion au som­met de l’état. L’abbé Melani, figure récur­rente des deux pre­miers opus, per­son­nage haut en cou­leur — vieillard malin et tou­chant, mani­pu­la­teur et droit — n’est pas, à l’image de plu­sieurs inter­ve­nants du roman, tout droit sorti de l’imagination fer­tile du couple d’auteurs. C’est au cours de leurs recherches — ils passent notoi­re­ment de nom­breuses heures dans les biblio­thèques de toute l’Europe pour pré­pa­rer leurs romans — qu’ils ont mis la main sur un manus­crit resté secret de cet ancien cas­trat devenu diplo­mate et agent secret au ser­vice de Louis XIV. Exal­tés par sa vie tré­pi­dante, ils décident d’en faire le héros de leur saga. À mi che­min entre roman his­to­rique et poli­cier, ce livre hybride est dif­fi­ci­le­ment clas­sable. Les per­son­nages fic­tifs (le nar­ra­teur et sa famille, notam­ment) côtoient sans com­plexe les acteurs réels de cette Renais­sance ita­lienne foi­son­nante (de l’abbé sus-mentionné à l’empereur Joseph 1er, en pas­sant par Camilla de Rossi, la belle musi­cienne auteur d’oratorios célèbres ou Simo­nis Rima­no­pu­los, l’étudiant grec mi-débile mi-génial).

Après le suc­cès des deux pre­miers tomes, Veri­tas ne man­quera sans doute pas de se faire sa place au fir­ma­ment des ama­teurs de com­plots au long cours. Car le livre est long, plus de 700 pages, et il faut de la patience pour en arri­ver dans le cœur du sujet (la ren­contre avec l’abbé et le début de l’enquête ne com­men­çant qu’après la 150ème page). Mal­gré la simi­li­tude du sujet avec le fameux et tout aussi contro­versé Da Vinci Code, on est loin ici de l’école amé­ri­caine du sus­pense à la Dan Brown.
La nar­ra­tion prend son temps, quitte à deve­nir un brin ennuyeuse par­fois, dis­til­lant au pas­sage nombre de détails de la vie quo­ti­dienne. Si les ama­teurs d’histoire y trou­ve­ront ample­ment leur bon­heur, l’intrigue, il faut bien l’avouer, en pâtit quelque peu. On s’embourbe dans les des­crip­tions minu­tieuses de telle cou­tume ou de tel chef-d’œuvre archi­tec­tu­ral, on se perd dans les péri­pé­ties et les rebon­dis­se­ments. Varia­tio delec­tat ou risque d’indigestion ?

Reste que l’ouvrage est bien écrit — et tra­duit — et qu’un livre qui réus­sit à fâcher à la fois le Vati­can (qui boy­cotte la saga) et Syl­vio Ber­lus­coni (qui a inter­dit le deuxième tome, obli­geant les auteurs à vendre les droits du troi­sième à une mai­son d’édition tchèque) ne peut pas être tout à fait mauvais…

agathe de lastyns

 

   
 

Rita Monaldi & Fran­cesco Sorti, Veri­tas, tra­duit de l’italien par Domi­nique Vit­toz, coll. “Feux croi­sés”, Plon, novembre 2011, 740 p.- 24,90 €

 

2 Comments

Filed under Non classé, Romans

2 Responses to Rita Monaldi & Francesco Sorti, Veritas

  1. Florence Haro Ruiz

    Long, oui, un peu moins ” vif “que les 2 pre­miers mais je suis fan d’histoire et mon bon­heur est com­plet à la lesc­ture de ce 3ème volet ! Et puis, si bien écrit et vrai­ment rien à voir avec ceux de Dan Brown ou autres auteurs de soi-disant thril­lers his­to­riques …
    J’attends avec impa­tience Mys­te­rium …
    Cor­dia­le­ment,
    Florence

  2. Walhmer Kass

    Eh bien nous sommes en 2016 et pas de nou­velles sur le pro­chain livre ”Mys­te­rium ” Chez Plon c’est silence radio .Peut-être en 2017…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>