Une interrogation fondamentale sur l’art et des mondes interlopes
Le photographe italien Gianlucca Galtrucco a choisi de s’expatrier à Los Angeles pour une raison majeure : la cité des anges est celle du cinéma. Elle favorise l’occasion de vivre et jouer avec les illusions. L’artiste ne s’en prive pas afin de rendre familier l’inconnu et inconnu le familier par effet de réalisme transformé. La ville californienne offre dans ses tentacules des occasions de s’émerveiller au sein même du quotidien. Galtrucco découvre partout des images dramatiques ou comiques. Il cherche dans la ville elle-même et ses immenses « faubourgs » des occasions pour relier l’artifice au réel.
Il crée ainsi des sortes de tableaux de rêves et de cauchemars où tout est poussé à l’extrême. Beaucoup de ces montages rappellent bien sûr le cinéma, son industrie, ses studios et leurs décors. A partir de là, toute une imagerie plus ou moins réelle ou fausse se recompose.
Les personnages eux-mêmes deviennent des carcasses étranges dans divers jeux de miroirs ou de relances. L’artiste propose une forme d’apparition paradoxale, de présence en creux. L’image ne crée ni la possession carnassière des apparences, ni la mimesis dont le prétendu “réalisme” reste la forme la plus détestable.
L’ébranlement du regard réclamé à l’art passe ici par des structures qui jouent du dedans et du dehors, de l’envers et de l’endroit en un cérémonial hallucinatoire mais non sans humour. L’imaginaire trouve la possibilité de faire émerger non une simple image au sens pictural du terme mais une interrogation fondamentale sur l’art et des mondes interlopes.
jean-paul gavard-perret
Gianlucca Galtrucco, For Your Consideration, Hatje Cantz, Berlin, 2017, 116 p.
Pingback: Gianluca Galtrucco