Un dîner presque parfait
Deux couples se retrouvent dans un restaurant chic d’Amsterdam. Au fur et à mesure que le maître d’hôtel apporte et décrit avec force superlatifs des plats aux noms grandiloquents, les véritables enjeux de ce dîner se dévoilent. Ce n’est en effet pas une partie de plaisir que ce rendez-vous entre deux frères que tout oppose et leurs épouses respectives.
Serge est politicien, ambitieux et déjà plein de l’assurance du futur premier ministre ; quant à Paul, l’ancien professeur d’histoire mis en congé forcé pour des propos déplacés que l’administration a préféré requalifier en accès de surmenage, il déteste cordialement son poseur de frère. Entre agacement et crises de larmes, entre flashbacks habilement explicatifs et découvertes inattendues, entre la poire et le dessert, on découvre la raison de cette réunion de famille : les enfants des deux couples ont commis l’innommable. E
t l’étude de mœurs devient roman noir, puis polar au suspense implacable. Avec, en fil rouge, la question que tout parent peut sans doute se poser : que serais-je capable de faire pour préserver mon enfant ?
Plat après plat, bouchée après bouchée, Herman Koch distille un roman aux multiples facettes. Cet auteur — dont les éditions Belfond nous proposent ici le best-seller traduit en français — est aussi connu en son pays pour ses émissions satiriques et ses chroniques acérées dans la presse.
On reconnaît sa touche à travers la narration de Paul, sorte d’observateur goguenard et cynique des êtres qui l’entourent. Seuls sa femme et son fils trouvent grâce à ses yeux.
Dans cette comédie grinçante qui a vite fait de tourner à l’aigre, c’est avant tout la façon dont Koch dissèque les réactions humaines qui plait, de bassesses en petits actes de bravoure, d’hypocrisie latente en violence exacerbée. Et c’est tout naturellement qu’il amène le lecteur vers un dénouement objectivement insoutenable.
Hormis quelques longueurs et répétitions dont on aurait aisément pu se passer, voilà une façon fort agréable de se faire prendre au piège.
agathe de lastyns
Herman Koch, Le Dîner, traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin, Belfond, mai 2011, 336 p. — 18,50 € |
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