Un spin-off de Spirou et Fantasio étonnant
José Luis Munuera a déjà approché l’univers de Spirou et Fantasio ayant dessiné quatre albums scénarisés par Jean-David Morvan. Il a fait connaissance avec Zorglub dans Aux sources du Z, le quatrième tome.
Avec La fille du Z, il débute une nouvelle série où il assure scénario et graphisme. Celle-ci est dédiée à ce personnage d’inventeur génial, ambitieux, mégalomane, gaffeur et n’ayant pas son pareil pour échouer dans ses projets. Échecs, il faut le reconnaître, dus à son ancien condisciple et surtout à Spirou et Fantasio.
Deux adolescents sortent d’un cinéma en commentant Le Fils du mal, un spin-off de super-héros qu’ils viennent de regarder. La jeune fille remercie André pour l’avoir invité et lui saute au cou. Un rayon lumineux surgit et une voix de stentor retentit: “Eh, toi, imbécile… …on ne touche pas à la fille !!” Des robots surgissent de partout. Le garçon court, affolé, alors que l’adolescente sait qu’il s’agit de son père. Elle entraîne André mais ils sont rattrapés, enlevés par ces robots avec pour destination la maison.
Zorglub est un papa-poule qui s’inquiète pour Zandra. Il veut protéger sa fille à tout prix ce qui révolte l’adolescente qui le lui dit vertement. Chagriné, il a un geste maladroit qui enclenche le rayon Z, son nouveau projet expérimental, rayon qu’il ne sait, ni contrôler, ni arrêter. Ce faisceau sème la panique et fait de dégâts considérables dans une ville où il arrive. André se réveille, trouve Zandra au moment où, sur les conseils de Frédorg son Intelligence Artificielle, Zorglub accepte de parler à sa fille, de lui faire des révélations quant à sa mère. Mais débarque un invité irascible, qui veut absolument emmener la fille de Zorglub car…
Ce premier tome mêle avec brio aventures débridées, relations fille-père, volonté d’une adolescente de vivre selon ses envies. C’est une comédie familiale intimiste qui intègre des scènes d’action dignes des films catastrophes chers à Hollywood. Le ton humoristique est donné dès la première planche quand, par autodérision, le scénariste fait tenir à Zandra des propos peu amènes sur les remakes, spin-off, suites, préludes, hommages… sur le manque de créativité dans le cinéma, précisant que c’est également le cas dans la bande dessinée.
José Luis Munuera semble beaucoup s’amuser et le lecteur aussi par la même occasion. Il truffe ses planches de trouvailles toutes plus humoristiques les unes que les autres, tant dans les dialogues que dans les situations. Les matériels sont tous nommés en fonction de Zorglub, intègrent systématiquement des z depuis les zorgbots, le ratzorg… Il a même inventé la commande contrôle Z ! Ce savant est toujours, dans ses apparitions, vêtu avec recherche, élégance, soigné de sa personne. Munuera le montre le matin au réveil, le cheveu en bataille, en peignoir court et en chaussons.
Ce héros, crée par Greg et Franquin en 1959, détient selon le scénariste un potentiel dramatique remarquable et une personnalité aux facettes riches et variées. Il exploite celles-ci de belle manière dans ce premier tome.
Et toujours ce dessin dynamique dans le trait, dans les mouvements des protagonistes, dans l’expressivité parfois outrée qui rappelle les meilleurs dessins animés d’un Tex Avery.
Un magnifique album qui laisse augurer d’une série qui marquera le genre.
serge perraud
José Luis Munuera (scénario, dessin et couleurs), Zorglub, t.1: “La fille du Z”, Dupuis, juin 2017, 64 p. – 10,95 €.