Eric Poindron, Le bal de fantômes

Le bal des potes âgés

Il serait peut être pos­sible de défi­nir l’auteur par ce qu’il fait dire à un qui­dam s’adressant à Ner­val : « Vous lisez trop, vous écri­vez trop ». Mais chez Poin­dron le trop n’est pas l’ennemi du bien. Au contraire. Pour preuve, l’auteur nous vam­pi­rise dans son « bal des fan­tômes ». Il y à là son « brave confrère » déjà cité Ner­val, qui finit son voyage autour de sa corde de chanvre, mais bien d’autres encore. Paul Fort comme un Turc, Brau­ti­gan autre magni­fique, Sam Fran­cis : non le peintre mais l’inventeur du cla­vier qui asser­vit l’écrivain à l’AZERTY.
Jaillissent aussi par sauts et gam­bades les sai­sons et les jours, les rues de Paris, de Laon la fausse endor­mie, Gilles Lapouge « l’érudit jubi­la­toire » et flâ­neur des deux rives. Existent aussi des ter­ri­toires plus loin­tains : l’île de Symi, mi-rocailleusee et miro­bo­lante, des textes retrou­vés dont un de Marco Beas­ley, le beau ténor « qui chante avec les fées » diverses, l’Islande, Yves Simon et bien d’autres encore. Morts ou vivants, les fan­tômes sont bien de notre monde.

Que l’auteur se ras­sure, sa pré­té­ri­tion pre­mière est inutile : son livre est loin de nous tom­ber des mains ou de nous cas­ser les pieds. C’est un bain de jou­vence où mêmes les abbés sou­rient. Il y a tout ce qui faut pour habi­ter pro­vi­soi­re­ment le monde : des fleuves d’amour, des filles en fleurs sor­tant de l’ombre, des nonnes qui lisant à cachette ont le cli­to­ris tubé­reux, des gens de Dublin plus Hus­ton que joy­cien. Bref, tout ce qui peut don­ner à croire qu’on ne vit pas pour rien et que l’existence rela­tive reste new­to­nienne.
Comme une femme dont ses des­sous l’inquiètent, elle  a le poids des jours mais sait res­ter  légère. Poin­dron a la déli­cate poli­tesse de nous le rap­pe­ler. A conseiller à tous : sur­tout aux dépres­sifs. Ils y trou­ve­ront là un bien meilleur remède que la Paroxétine.

lire notre entre­tien avec l’auteur

jean-paul gavard-perret

Eric Poin­dron, Le bal de fan­tômes,  Le Cas­tor Astral, coll. « Curiosa & cae­tera », 2017,  256 p. — 17,00 €.

 

 

 

 

 

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