Fusion mystique
Sillons propose une série de vignettes tirées d’une errance perspicace dans un port de Méditerranée, ses rues, ses places, ses scènes de la vie quotidienne. En des poèmes en prose thèmes et personnages vont et viennent avant que le soir ou l’oubli les emportent et « quand un rire surgit on se rappelle que la mer n’est pas loin ». Si bien qu’aux bourreaux du bitume la poétesse ne cesse de donner une sacrée leçon de mauvaise conduite surtout lorsqu’ils sont de vieux singes plus que vieux sages qui ne craignent pas les râteaux de certaines méduses.
Les corps sont des signes ou des cygnes (on ne sait plus très bien) aussi noirs que blancs sur des lacs où l’eau bladit, l’eau blada si l’on en croit les Beatles. Certaines femmes ne sont pas là que pour faire caresser les fantasmes (ce qui ne les empêchent pas d’atteindre l’orgasme).
La poétesse transgresse les édits de chasteté mais juste ce qu’il faut. Elle sait faire dilater la rate de sujets inépuisables que la poésie généralement prend au sérieux. Et si dans l’œuvre l’amour n’est forcément en fuite, il n’est pas le souci majeur. Manière peut-être d’éviter que le coït devienne chaos et qu’une fusion mystique apparaisse là où on ne l’attend pas.
jean-paul gavard-perret
Laura Tirandaz, Sillons, Linogravures de Judith Bordas, Aencrages and co., 2017.
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