On a parfois l’impression de lire un compte-rendu d’analyse plus qu’un roman
Décès, divorce, situation professionnelle stagnante, conflits familiaux… désemparée et sur les conseils de ses parents, une jeune femme se rend chez un thérapeute, Victor Grandier, aux méthodes inhabituelles et au tarif prohibitif. D’abord perplexe, elle se laisse très vite prendre au jeu et la thérapie devient vite une nécessite absolue, plus qu’une simple échappatoire.
Dès lors, la jeune femme sombre littéralement, en même temps que son compte en banque, sous l’emprise de cet homme mystérieux. Littéralement “envoûtée” par son nouveau gourou, elle se laisse alors manipulée inconsciemment et sombre petit à petit dans une véritable dépendance vis-à-vis de lui.
Proie facile et fragile, elle se laisse guider et se coupe peu à peu du monde extérieur, ne voyant plus ni amis ni famille. Une descente aux enfers qui l’entraîne jusque dans la maladie, la paranoïa… et la faillite financière ! Seule une rencontre avec un être, que lui non plus la vie n’a pas épargné, semble pouvoir la sortir de cette emprise… à moins qu’il ne soit déjà trop tard ?
Une histoire qui ne peut que nous toucher et nous interpeler tant elle semble familière. Qui n’a jamais lu ou entendu de récit de ce genre, notamment provenant de personnes souvent bouleversées et endeuillées. Qui n’a jamais songé à consulter après un aléa de la vie, pour trouver ne serait-ce qu’un peu de réconfort, une main tendue, une oreille attentive ?
Sarah Chiche, étudiante en psychologie, décrit dans cet ouvrage le processus qui inexorablement plonge le personnage principal au cœur d’un cercle vicieux et au plus profond de la dépression. Une victime attachante à laquelle on s’identifie facilement.
La spirale lente et vicieuse qui petit à petit emprisonne sa faible proie dans les crocs de son thérapeute est décrite avec une grande justesse, permettant ainsi de suivre une à une les différentes étapes de la longue agonie de la jeune héroïne et de la mécanique de son bourreau. Le lecteur suit alors pas à pas l’évolution psychologique et entre dans la tête même de cette jeune femme désemparée.
Toutefois, l’écriture manque de rythme et de vivacité. Si le style est clair et la lecture aisée, on a parfois l’impression de lire un compte-rendu d’analyse plus qu’un roman. Certes, cela aide le lecteur à s’allonger lui aussi sur le canapé du thérapeute, mais attention à ne pas s’y endormir !
Le personnage, bien que torturé à souhait, manque également de relief et on a parfois du mal à croire à tant de naïveté… bien qu’elle soit souvent à l’origine de cas similaires et réels. Si la folie s’empare rapidement de la jeune femme, elle manque quelque peu à l’écriture, pour permettre au roman de se sublimer.
v. cherrier
Sarah Chiche, L’emprise, Grasset, avril 2010, 192 p.- 15,00 € |
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