Mirka Lugosi offre des hallucinations et des diversions. L’artiste ne s’assujettit jamais à la simple représentation. Ses œuvres sont des introductions au rêve — bien différent de la rêverie. Couleurs et formes conduisent ce qui suspend la reproduction ou plutôt la fouette, la balafre non sans humour afin que le regard accomplisse son devoir, s’y défasse et s’y dépasse.
Un quelque chose en plus vient toujours caresser les fantasmagories aussi sérieuses que revendiquées en un certain dérisoire. Existe toujours la prise de “contrées” ignorées et fantastiques par un passage autant en douceur qu’en force.
Profondément libre, Mirka Lugosi propose des parades sauvages. Elles résonnent par anticipation. Maîtresse en féeries, l’artiste transforme élans et pulsions en femmes subjuguantes. La princesse les déleste de frasques ou d’enlacements dans des paysages traversés comme non pourvus d’une existence réelle plus qu’éprouvés. Ils échappent au banal chromatique ou chronique.
Bref, Mirka Lugosi anticipe le futur. Ses images restent une rébellion avec une conscience certaine d’un dérèglement des codes même si les mises en scène sont habilement établies. Il ne s’agit pas de « voir du pays » mais de faire basculer le réel de manière magistrale pour le bousculer ironiquement là où pourraient planer (mais ce n’est qu’une hypothèse) des amours muettes et des étreintes tacites.
jean-paul gavard-perrret
Mirka Lugosi, Le monde est rempli de résonances, Château de Villeneuve Lembron, du 11 juillet au 11 octobre 2017.