Cérémonies premières de Godeleine Auger : entretien avec l’artiste (God was a Girl)

Artiste depuis tou­jours, comme beau­coup, Gode­leine Auger a d’abord des­siné mais, elle, l’a com­pris alors que tant d’autres l’ignore. Elle est resté fidèle à son, lan­gage pri­mi­tif. Avec sa ligne de jeune fille sexy, elle demeure néan­moins avant tout sculp­trice qui explore les rap­ports entre Eros et Tha­na­tos. « Lorsque mes parents ont fait construire leur mai­son, près d’une église, dans la Somme, des os ont été décou­verts. Cela m’a fas­ci­née et j’ai voulu les gar­der. J’avais 8 ans. Avec ma maman, nous les avons lavés, ran­gés dans un linge. À l’adolescence, je les ai remis en terre » dit l’artiste. Avant de deve­nir plas­ti­cienne, elle a effec­tué plu­sieurs métiers. Elle y a acquit sa liberté d’artiste et son amour du vivant ; l’amour des jeux de l’esprit et des corps.


Ins­pi­rée par la pipe de son père elle en a créé une « faite de terre, d’un os de bovin et d’un bijou Toua­reg ». Cha­cune de ses œuvres est sou­vent enve­lop­pée dans un linge blanc qu’elle déplie soi­gneu­se­ment selon un rituel minu­tieux. Ani­mée par un sen­ti­ment pro­fond de la nature, elle crée un col­lier de gly­cine réa­lisé pour un arbre, fait un col­lier avec des os de veau ou avec des ver­tèbres de boeuf. « Lorsque je l’ai mis autour du cou, cela m’a fait pen­ser aux fleurs de Tiaré. Ça m’a fait voya­ger à Tahiti.» écrit celle de chair et d’os pour qui l’art est aussi rupestre, pre­mier que sophis­ti­qué dans son tra­vail de méthode.

Gode­leine Auger, God was a Girl, Gale­rie Les Bigottes, Vannes, du 19 au 11 juin 2017.

 Entretien :

A quoi avez-vous renoncé ?
J’aime à trans­for­mer à dépla­cer, cela m’aide à ne pas renoncer

D’où venez-vous ?
Je viens d’une femme aimée.

Qu’avez-vous reçu en « héri­tage » ?
J’ai été éle­vée aux calem­bours et au bibe­ron, est-ce une dot ?

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Bais­ser culotte dans l’herbe, de jour ou de nuit.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres artistes et quelle est votre approche du fémi­nin ?
J’ai une rela­tion sexuée à la nature pour­rait répondre à ce qui me dis­tingue des autres artistes et mon approche du fémi­nin. Je ne pense pas hié­rar­chie entre artistes, je pense patience et chrysalide.

Quelle fut l’image pre­mière qui esthé­ti­que­ment vous inter­pella ?
Le Christ en croix, j’ai tou­jours détesté qu’un gar­çon soit mis dans cette situation.

Et votre pre­mière lec­ture ?
Ber­nard Mar­cadé a com­mencé à me don­ner à man­ger en livres, avant, je m’ennuyais.

Quelles musiques écoutez-vous ?
J’écoute les jolis cris de buse et toute sorte de musique, non ampli­fiée de préférence.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
J’aime beau­coup me pro­me­ner avec « Ada ou l’ardeur ».

Quel film vous fait pleu­rer ?
Je n’ai pas envie de pleu­rer et encore moins au cinéma.

Quand vous vous regar­dez dans un miroir qui voyez-vous ?
Dans un miroir, je vois une petite fille, avec des plis, selon la lumière.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Jamais je n’oserais écrire à Annie Lebrun. J’avais écrit à Caro­lee Schee­man, j’ai eu des nou­velles quinze ans après, c’était très joli.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
L’eau, les rivières, les zones humides.

Quels sont les écri­vains et artistes dont vous vous sen­tez le plus proche ?
Je pren­drais volon­tiers un cho­co­lat chaud avec Albrecht Dürer et Anaïs Nin. La pré­sence de proches.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Ce n’est pas une pro­po­si­tion très joueuse.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
Ce n’est pas très gen­til de ne pas écou­ter la question.

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Avez-vous faim ?

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par  jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 27 août 2017.

1 Comment

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One Response to Cérémonies premières de Godeleine Auger : entretien avec l’artiste (God was a Girl)

  1. biheu-vimard

    Chère Madame,

    Je viens de relire les réponses appor­tées au cours de cet entre­tien ; elles me vont bien.
    Mais ça n’est pas l’objet de ce contact.
    Il y a quelques semaines, je vous ai invi­tée à l’exposition “Un jar­din, un artiste” à Dref­féac le dimanche 7 octobre 2018, de 10 h à 18 h dans les jar­dins publics et pri­vés de la com­mune.
    Cette pers­pec­tive vous séduit-elle ?

    A vous lire

    Jac­que­line Biheu-vimard
    Pré­si­dente de l’association “L’Arbre à Mots“
    Tél 0656885193

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