Les œuvres de Michèle Katz sont la mémoire réalisée par la réinvention de l’acte physique de peindre. Existent dans l’œuvre des graphes exclusifs, une sortie du flux intérieur. Rien de calme : il s’agit d’atteindre le motif absolu qui n’a pas de forme et les contiendrait toutes. Chaque toile reste un sursaut contre les abdications ; elle résume et amplifie les constantes de l’œuvre. Face à l’être au dessein spolié, Michèle Katz propose une jubilation sérieuse – le contraire d’une joie en débandade.
L’artiste plonge dans des embrasures, les ouvre : l’image est dense mais tout autant impalpable. Le plus déchirant se fait aérien, conjonctif et violent. L’artiste sait que depuis l’Holocauste rien ne sera comme avant. Mais afin que l’horreur ne reprenne ses droits, elle secoue le regard là où tout tremble, fuse dans une « pagaille » construite pour un adieu à l’adieu, à l’impossible saisi par le poignet de l’artiste et ses coups de reins : le corps ne peut échapper à la peinture.
jean-paul gavard-perret
Michèle Katz, Cemins, Area, Paris, 2017 - 450,00 €.